\u00c0 l\u2019occasion de l\u2019entr\u00e9e en vigueur du nouveau taux de salaire minimum \u00e0 12 $ l\u2019heure et de la Journ\u00e9e internationale des travailleuses et travailleurs, les porte-parole des sept organisations membres de la campagne 5-10-15 ont tenu \u00e0 rappeler leurs revendications. Qu\u2019il s\u2019agisse de conna\u00eetre son horaire de travail au moins 5 jours \u00e0 l\u2019avance, d\u2019obtenir 10 journ\u00e9es r\u00e9mun\u00e9r\u00e9es de cong\u00e9 pour maladie ou responsabilit\u00e9s familiales ou encore d\u2019obtenir minimalement un salaire de 15$ l\u2019heure, les sept porte-parole ont r\u00e9it\u00e9r\u00e9 l\u2019importance de ces revendications pour faire une diff\u00e9rence dans la vie des travailleuses et des travailleurs.<\/p>\n

\u00ab\u00a0La hausse du salaire minimum la plus importante des derni\u00e8res ann\u00e9es est \u00e0 saluer, surtout parce qu\u2019elle d\u00e9montre que notre mobilisation porte fruit. Mais elle ne saurait faire oublier que c\u2019est 15$ l\u2019heure qu\u2019il faut, en travaillant \u00e0 temps plein au Qu\u00e9bec, pour sortir de la pauvret\u00e9 et cesser de vivre dans la crainte constante d\u2019une d\u00e9pense impr\u00e9vue\u00a0\u00bb, a d\u00e9clar\u00e9 Virginie Larivi\u00e8re, porte-parole du Collectif pour un Qu\u00e9bec sans pauvret\u00e9.<\/p>\n

Horaire de travail au moins 5 jours \u00e0 l\u2019avance\u00a0: c\u2019est un minimum!<\/strong><\/p>\n

La campagne 5-10-15, lanc\u00e9e le 7 octobre 2016, porte deux autres revendications, tout aussi importantes. Dans un monde o\u00f9 les emplois atypiques prennent une place de plus en plus grande, conna\u00eetre un horaire \u00e0 la derni\u00e8re minute entra\u00eene des d\u00e9fis de taille pour la planification de la vie personnelle et familiale de centaines de milliers de travailleuses et travailleurs. C\u2019est pourquoi les organisations membres demandent, depuis le d\u00e9but, que les salari\u00e9-es aient le droit de conna\u00eetre leur horaire au moins cinq jours \u00e0 l\u2019avance. \u00ab\u00a0Il faut croire encore une fois que notre action porte puisque le projet de loi 176, qui va modifier la Loi sur les normes du travail, <\/em>fait un pas dans cette direction. Sans obliger l\u2019employeur \u00e0 donner l\u2019horaire \u00e0 l\u2019avance, une personne pourra l\u00e9galement refuser de travailler si elle n\u2019est pas avis\u00e9e \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019un d\u00e9lai de cinq jours. Ce premier gain, bien qu\u2019incomplet, indique qu\u2019il faut maintenir notre campagne\u00a0\u00bb, d\u2019expliquer Line Camerlain, vice-pr\u00e9sidente de la CSQ.<\/p>\n

Journ\u00e9es r\u00e9mun\u00e9r\u00e9es pour cong\u00e9\u00a0de maladie ou responsabilit\u00e9s familiales et salaire \u00e0 15$ : une question d\u2019\u00e9quit\u00e9 et d\u2019\u00e9galit\u00e9<\/strong><\/p>\n

Actuellement, la Loi sur les normes du travail<\/em> (LNT) ne pr\u00e9voit pas de r\u00e9mun\u00e9ration pour les travailleuses ou travailleurs qui s\u2019absentent pour raisons familiales et rien n\u2019est pr\u00e9vu pour les absences maladie. Avec pour cons\u00e9quence que des gens vont entrer travailler malades et risquer de contaminer les personnes avec lesquelles elles entrent en contact. D\u2019autres encore vont s\u2019absenter pour prendre soin de leur famille et vont donc s\u2019appauvrir un peu plus dans le cadre actuel. \u00ab\u00a0Les chiffres d\u00e9montrent que ce sont encore aujourd\u2019hui les femmes qui souffrent davantage de cette situation, a expliqu\u00e9 Jacques L\u00e9tourneau, pr\u00e9sident de la CSN. En 2016, les femmes se sont absent\u00e9es en moyenne 74 heures pour des obligations personnelles ou familiales alors que chez les hommes, la moyenne \u00e9tait de moins de 20 heures. L\u2019\u00e9quit\u00e9 homme-femme s\u2019en trouve lourdement affect\u00e9e\u00a0\u00bb, pr\u00e9cise-t-il.<\/p>\n

Avec le projet de loi 176, le gouvernement propose que deux journ\u00e9es de cong\u00e9 soient r\u00e9mun\u00e9r\u00e9es, ce qui appara\u00eet clairement insuffisant pour contribuer \u00e0 \u00e9tablir l\u2019\u00e9quit\u00e9 homme-femme en mati\u00e8re d\u2019absences du travail.<\/p>\n

De plus, selon M\u00e9lanie Gauvin, porte-parole du Front de d\u00e9fense des non-syndiqu\u00e9Es, \u00ab les femmes sont surrepr\u00e9sent\u00e9es dans les emplois au salaire minimum et\u00a0 elles occupent \u00e9galement environ 58\u00a0% des emplois \u00e0 moins de 15$ l’heure au Qu\u00e9bec. N\u2019est-il pas \u00e9tonnant qu\u2019en 2018 ce soient encore des emplois occup\u00e9s par des femmes qui soient les moins bien r\u00e9mun\u00e9r\u00e9s?\u00a0 Voici une occasion concr\u00e8te, pour un gouvernement qui pr\u00e9tend se soucier d\u2019\u00e9quit\u00e9 entre les sexes, de freiner l\u2019appauvrissement et atteindre une plus grande \u00e9galit\u00e9 homme-femme.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Un verrou invisible \u00e0 faire sauter<\/strong><\/p>\n

Hausser fortement le salaire minimum se bute souvent \u00e0 un ratio de 50\u00a0% du salaire horaire moyen \u00e0 ne pas d\u00e9passer sous pr\u00e9texte d\u2019assister \u00e0 des pertes d\u2019emploi, \u00e0 une r\u00e9duction des heures de travail, voire une augmentation des prix des produits et services. En somme, des cons\u00e9quences qui viendraient annuler l\u2019effet positif de la hausse du salaire minimum.<\/p>\n

C\u2019est ce qu\u2019il convient d\u2019appeler le \u00ab\u00a0verrou Fortin\u00a0\u00bb, du nom de l\u2019\u00e9conomiste Pierre Fortin qui croit avoir d\u00e9montr\u00e9 l\u2019existence de ce seuil \u00e0 ne pas franchir. \u00ab\u00a0Pourtant, les donn\u00e9es choisies par l\u2019\u00e9conomiste r\u00e9put\u00e9 pour \u00e9tablir le salaire moyen excluent tous les employ\u00e9s \u00e0 salaire fixe, ce qui fait baisser lourdement la moyenne, a clarifi\u00e9 Luc Vachon, pr\u00e9sident de la CSD. Mais aussi s\u2019il y a eu corr\u00e9lation par le pass\u00e9 entre le d\u00e9passement du ratio de 50\u00a0% et la hausse du ch\u00f4mage des jeunes, d\u2019autres facteurs sont aussi \u00e0 prendre en compte, rien n\u2019\u00e9tant aussi simple dans l\u2019\u00e9conomie r\u00e9elle\u00a0\u00bb, a-t-il dit.<\/p>\n

Jean-Fran\u00e7ois Landry, 3^{e<\/sup> vice-pr\u00e9sident du SPGQ, rench\u00e9rit\u00a0: \u00ab\u00a0D\u2019ailleurs, les pr\u00e9visions de pertes d\u2019emploi lanc\u00e9es par les anti-hausse ne se sont jamais concr\u00e9tis\u00e9es ailleurs. L\u2019Institut Fraser pr\u00e9voyait\u00a0 des pertes de plus de 50\u00a0000 emplois en Colombie-Britannique \u00e0 la suite d\u2019une hausse de 28\u00a0% du salaire minimum. Il y en a plut\u00f4t eu 3\u00a0600, tous r\u00e9cup\u00e9r\u00e9s en tr\u00e8s peu de temps par la suite\u00a0\u00bb, a-t-il poursuivi.<\/p>\n}

Et si l\u2019effet \u00e9tait plut\u00f4t le contraire? C\u2019est ce que d\u00e9montre une \u00e9tude toute r\u00e9cente de l\u2019Institut de recherche et d\u2019informations socio-\u00e9conomiques (IRIS). \u00ab\u00a0Oui, il y aura des pertes d\u2019emploi, mais \u00e7a n\u2019a rien \u00e0 voir avec les pr\u00e9dictions catastrophes, de mentionner Christian Daigle, pr\u00e9sident g\u00e9n\u00e9ral du SFPQ. Et elles seront compens\u00e9es de 9 \u00e0 11 fois par le fait que la hausse du salaire minimum \u00e0 15$ l\u2019heure stimulera l\u2019\u00e9conomie locale, principalement parce que celles et ceux qui en b\u00e9n\u00e9ficieront d\u00e9penseront par exemple pour combler leurs besoins essentiels et non pour cacher de l\u2019argent au fisc. \u00bb<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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