Il nous faut un vrai plan pour lutter contre la pauvreté
Dans les derniers mois, le gouvernement du Québec a laissé miroiter de belles avancées en matière de lutte à la pauvreté. Pensons à la hausse du salaire minimum, au revenu minimum garanti, aux réinvestissements censés succéder aux deux dernières années d’austérité budgétaire.
En plus, le gouvernement nous promet un grand virage pour l’année qui vient. Il veut essayer de se donner un vernis de compassion en se servant du prochain plan d’action gouvernemental en matière de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale, qui devrait être dévoilé au plus tard le 31 mars prochain.
L’obligation de favoriser un débat large et éclairé
Pour le moment, au-delà de vagues idées, nous ne connaissons rien de concret de ce nouveau plan de lutte à la pauvreté. Si près de l’échéance, et vu l’urgence d’agir pour répondre à des besoins bien réels, nous croyons qu’il est grand temps que le gouvernement fasse connaître ses intentions.
Quelles mesures mettra-t-il en place pour assurer aux gens un revenu décent, pour remettre sur pied des services publics déficients, pour lutter contre les préjugés, pour réduire les inégalités sociales, bref pour faire reculer la pauvreté ?
Tel que le stipule la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, il est nécessaire de « favoriser l’engagement de l’ensemble de la société » pour mener à bien un projet concerté de lutte à la pauvreté.
Et nous croyons que le rôle du gouvernement, dans l’esprit de cette loi, est de favoriser un débat large et éclairé sur la question. Pour cela, nous avons besoin de plus que de vagues idées ou de promesses électorales qui ont l’habitude de ressurgir périodiquement.
Nos questions à quatre ministres clés
Pour tenter d’en savoir plus, nous avons essayé de rencontrer quatre ministres le 15 décembre. Nous sommes allés livrer nos vœux de Noël à François Blais, à Dominique Vien, à Carlos J. Leitão et à Philippe Couillard.
Nous avons pu rencontrer seulement la ministre responsable du Travail, Dominique Vien, à qui nous avons remis une carte disant que « la magie de Noël et le salaire minimum, ça mène pas loin ! » Elle est restée vague sur le montant de la prochaine augmentation du salaire minimum, et on ne sait toujours pas quel genre d’échéancier elle entend se donner pour éventuellement augmenter le salaire minimum à 15$ l’heure.
Nous n’avons malheureusement pu rencontrer les trois autres ministres mais, normalement, chacun recevra bientôt une carte personnalisée lui rappelant que « La magie de Noël, c’est pas assez » pour lutter contre la pauvreté.
Voici un aperçu des questions que nous aurions aimé leur poser :
Au ministre des Finances Carlos J. Leitão, qui a été le maître d’œuvre des deux dernières années d’austérité budgétaire : maintenant qu’il a su dégager des surplus budgétaires – à quel prix ! –, est-il prêt à réinvestir dans les services publics et les programmes sociaux et à lutter contre les inégalités sociales ?
Au ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale François Blais, qui est responsable d’un important recul pour les droits des personnes assistées sociales avec l’adoption du projet de loi 70 et qui, pour faire bonne figure, serait en train de plancher sur un projet de revenu minimum garanti : celui-ci constituera-t-il une avancée ou un nouveau recul pour les personnes en situation de pauvreté?
Au premier ministre Philippe Couillard, qui veut prendre un nouveau départ en 2017 et qui a lui-même affirmé à l’Assemblée nationale que le nouveau plan de lutte à la pauvreté ferait partie de ses priorités : quelles seront, tout simplement, les grandes lignes du prochain plan de lutte à la pauvreté ?
À ce stade-ci, nous ne demandons qu’à être convaincus que le gouvernement est sérieux dans sa soudaine intention de faire de la lutte à la pauvreté une priorité. Une question nous revient bizarrement toujours en tête :
« Qu’est-ce que le gouvernement vient de comprendre qu’il n’avait pas compris pendant les deux premières années de son mandat? »
Pour voir toutes les images de la tournée des ministres du 15 décembre
Virginie Larivière et Serge Petitclerc,
porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté