Un million de ménages québécois abandonnés par un gouvernement sans-cœur
Après analyse du budget du Québec déposé aujourd’hui, le Collectif pour un Québec sans pauvreté dénonce l’absence de réelle volonté du gouvernement de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. « Ce budget maintient dans une situation inacceptable plus d’un million de ménages québécois qui n’arrivent pas à sortir de la pauvreté. Devant ce constat, le Collectif considère que ce gouvernement n’a pas de cœur. Il préfère distribuer des milliards de dollars aux entreprises et aux mieux nantis ou encore verser plus de 2 milliards $ au Fonds de générations, plutôt que de hausser les revenus des plus pauvres », de s’indigner Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif.
Selon le Collectif, la pauvreté pèse lourd sur les épaules des plus pauvres, réduit leur espérance de vie et jette de l’ombre sur le futur de leurs enfants. Mais ces faits n’incitent nullement le gouvernement à agir autrement que pour souligner, dans une brochure descriptive sans engagement financier, la bonne performance du Québec dans le Canada. « Peut-être que de se comparer permet de se consoler, mais il aurait été plus honnête de la part du ministre des Finances de reconnaître que dans les faits, la lutte à la pauvreté au Québec a stagné et que les inégalités ont augmenté depuis le début des années 2000. »
Programme Objectif emploi : des pénalités maintenues
Du côté du tout nouveau programme Objectif emploi, contenu dans le projet de loi 70 et présentement étudié en commission parlementaire, le Collectif s’insurge que le gouvernement maintienne l’obligation pour les nouveaux demandeurs d’accepter un emploi ou de participer à une mesure d’employabilité sous peine de voir leur prestation amputée.
Le Collectif reconnaît toutefois que la légère bonification de la prestation qui sera accordée aux premiers demandeurs d’aide sociale qui participent au programme Objectif emploi représente un pas dans la bonne direction. « Mais pourquoi la limiter à ces seules personnes? Pourquoi ne pas bonifier les prestations des quelque 116 000 adultes qui utilisent déjà les services publics d’emploi? Le recherche d’économies à tout prix et le contrôle obsessif des dépenses de l’État sont devenus une fin en soi pour ce gouvernement et tant pis pour les laissés pour compte », de s’indigner M. Petitclerc. Une autre démonstration que ce gouvernement manque de cœur, selon lui.
Prime au travail : une subvention déguisée aux entreprises
En augmentant la prime au travail pour un adulte vivant seul, afin de la porter à un maximum de 725,76 $ par année (près de 15 $ par semaine), le gouvernement du Québec nous dit prendre les moyens pour encourager les personnes à faible revenu à travailler davantage. Mais le moyen choisi risque de ne pas avoir les effets escomptés. Cet incitatif, somme toute assez faible, réduit en fait la pression sur les employeurs du Québec pour qu’ils accordent de meilleurs salaires. « Il s’agit d’une sorte de subvention encourageant la précarisation des emplois, notamment par la multiplication des postes à temps partiel », d’expliquer M. Petitclerc. Selon lui, la prime au travail augmente le revenu des travailleurs et travailleuses pauvres, mais à quel prix? Cette mesure rend encore plus pertinentes les luttes citoyennes pour l‘augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure.
« Mais l’éléphant dans la pièce demeure l’injustice flagrante quant au taux effectif marginal d’imposition du salaire des travailleurs et travailleuses pauvres. Entre 8000 $ et 20 000 $ de revenus par année, une famille avec un enfant contribue à la cagnotte fiscale collective à un taux effectif marginal d’imposition de plus de 80 cents sur chaque nouveau dollar gagné. Une trappe fiscale qui nuit fortement à la capacité de ces ménages pauvres à se sortir de leur situation. C’est un frein à la mobilité sociale des plus pauvres. Ne rien faire pour ces personnes, c’est accepter que leurs efforts valent moins que ceux des mieux nantis », de s’insurger M. Petitclerc.
Somme toute, et compte tenu du ralentissement des investissements dans le logement social, le budget d’aujourd’hui annonce aux personnes en situation de pauvreté qu’elles devront encore patienter avant de voir la lumière au bout du tunnel. Toute la fierté dont les ministres ont fait preuve aujourd’hui est une insulte de plus envers les plus pauvres.