Mise à jour économique: les personnes en situation de pauvreté complètement ignorées
Plus de 800 000 Québécoises et Québécois n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base. Plusieurs de ces personnes n’arrivent pas à se loger ou à manger convenablement et doivent régulièrement se priver. Et la crise n’a fait qu’exacerber leurs problèmes en faisant augmenter leurs dépenses, en les isolant davantage, en augmentant la pression sur les banques alimentaires et le réseau communautaire, etc.
Avec sa récente mise à jour économique, le gouvernement du Québec aurait pu essayer de faire oublier son refus d’accorder la moindre aide financière à ces personnes depuis le début de la crise. Mais il a complètement raté l’occasion.
Révision de la MPC
D’une part, la décence la plus élémentaire lui aurait imposé d’annoncer qu’il tiendra compte de la récente révision de la Mesure du panier de consommation (MPC) pour respecter ses maigres engagements envers les personnes les plus mal prises, les personnes assistées sociales. Rappelons qu’au terme d’une vaste consultation, Statistique Canada a revu à la hausse les montants nécessaires à la couverture des besoins de base. Par exemple, pour une personne vivant seule à Montréal, le seuil de la MPC est passé de 17 820 $ à 20 080 $ (pour 2018).
Rappelons aussi qu’en vertu du dernier plan de lutte contre la pauvreté, le gouvernement doit permettre aux personnes d’atteindre 55,1 % de la MPC au programme d’Aide sociale et 77,1 % au programme de Solidarité sociale dès le 1er janvier prochain. Il va sans dire qu’il s’agit là d’engagements minimalistes. Donner moins que le minimum reconnu, c’est compromettre la santé et la dignité des gens. Ainsi, le refus du gouvernement d’utiliser la MPC révisée est indécent car il représente un important manque à gagner pour des personnes à qui l’essentiel manque déjà.
La MPC comme minimum
D’autre part, le gouvernement aurait dû profiter de la mise à jour économique pour garantir aux personnes en situation de pauvreté, le plus rapidement possible, ce qui devrait être considéré comme un minimum : la couverture des besoins de base tels que définis par la MPC. D’ailleurs, n’est-ce pas la cible qu’il s’est donnée pour les personnes avec des contraintes à l’emploi de longue durée qui seront admissibles au programme de Revenu de base en 2023?
On ne demande pas la lune! La MPC représente le minimum requis pour espérer vivre en santé. Tout le monde devrait y avoir droit. Le Québec a-t-il les moyens de viser moins que cela?
Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté