De combien d’argent le gouvernement prive-t-il les personnes assistées sociales?
Voilà près de cinq mois que le gouvernement du Québec s’entête à refuser de tenir compte de la révision de la Mesure du panier de consommation (MPC) par Statistique Canada et d’ajuster en conséquence les prestations versées aux personnes assistées sociales.
En agissant ainsi, il prive celles-ci de plusieurs centaines de dollars par année et se trouve à renier les engagements du dernier plan de lutte contre la pauvreté, des engagements qui étaient honteusement insuffisants.
(Article tiré de la 451e édition de La Soupe au caillou)
Des cibles longtemps attendues
Le gouvernement a l’obligation de fixer des cibles d’amélioration du revenu des personnes assistées sociales et d’associer ces cibles à des échéanciers. De telles cibles auraient dû faire partie du premier Plan d’action gouvernemental adopté en 2004 pour assurer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Le gouvernement a toutefois longtemps ignoré cette obligation. C’est seulement en 2017 qu’il s’y est enfin plié, avec la publication de son troisième Plan d’action.
Des cibles en fonction de la MPC
Les cibles du troisième Plan d’action varient en fonction des programmes d’assistance sociale et correspondent chacune à un pourcentage donné de la MPC. Le gouvernement s’est ainsi engagé à assurer, au 1er janvier 2021, un revenu disponible équivalant à 55,1 % de la MPC aux personnes à l’Aide sociale, à 77,6 % de la MPC aux personnes à la Solidarité sociale et à 90,1 % de la MPC aux personnes à la Solidarité sociale de longue durée.
Par « revenu disponible », on entend l’ensemble des revenus annuels dont une personne (ou une famille) dispose après impôts et transferts sociaux. Ainsi, dans le cas des personnes assistées sociales, le revenu disponible annuel comprend, en plus du montant des prestations mensuelles, le crédit d’impôt pour solidarité (1 028 $/an), le crédit pour la TPS (299 $/an) et, le cas échéant, l’ajustement pour personne seule (600 $/an).
Nouvelle base de la MPC
À la suite de la révision menée l’an dernier par Statistique Canada, le montant nécessaire à la couverture des besoins de base est passé, pour 2018 et pour une personne seule, de 17 820 $ à 20 080 $. Comme le coût de la vie augmente d’année en année, la MPC augmente elle aussi, sauf que Statistique Canada ne la met pas officiellement à jour tous les ans. En revanche, l’organisme indique comment s’y prendre pour le faire : il faut indexer séparément le montant de chacune des composantes du panier de consommation. Le Collectif a fait le calcul.
Ainsi, pour 2021, et toujours pour une personne seule, la MPC s’élève à 20 767 $, une différence de 687 $ par rapport à 2018.
D’un manque à l’autre
Pour le Collectif, il va de soi que les politiques publiques doivent être basées sur les données les plus récentes. Mais le gouvernement n’est pas de cet avis et s’obstine à utiliser des montants qui ne correspondent pas à la réalité économique d’aujourd’hui. Les conséquences de cette obstination sont graves : des personnes qui n’ont déjà pas des revenus suffisants pour couvrir leurs besoins de base se voient privées de sommes qui devaient servir à rattraper un retard économique. Car, en effet, l’augmentation des prestations annoncée dans le troisième Plan d’action visait justement, de l’aveu même dudit plan, à combler un manque à gagner dû à une progression du coût de la vie plus rapide que celle des prestations. Pourquoi refaire la même erreur?
Autrement dit, aussitôt « comblé » un manque à gagner, le gouvernement s’empresse d’en creuser un autre!
Écart entre le revenu disponible dont les personnes devraient disposer depuis le 1er janvier 2021 et celui que leur accorde actuellement le gouvernement
La MPC (révisée!): un minimum
Le Collectif ne cesse de répéter que les cibles du dernier plan de lutte contre la pauvreté sont nettement insuffisantes. Que le gouvernement vise moins que la couverture des besoins de base pour les personnes assistées sociales est proprement scandaleux.
En ce sens, il est difficile de concevoir qu’il cherche à renier des engagements aussi minimalistes. Car c’est bien ce qu’il fait présentement en refusant de tenir compte de la révision de la MPC.
Avec sa campagne La MPC (révisée!) : un minimum, le Collectif tente de faire pression sur le gouvernement pour qu’il ajuste les montants versés aux personnes assistées sociales en tenant compte de la MPC révisée. Il l’exhorte également à s’engager, dès maintenant, à viser la MPC pour toutes et pour tous!
Pour participer à cette campagne, rendez-vous au pauvrete.qc.ca/mpc–revisee-campagne !