Les préjugés à l’endroit des personnes en situation de pauvreté : Ensemble pour que ça change!
« Elles se laissent vivre aux crochets de la société ». « Elles n’ont qu’à travailler! » « J’ai de la difficulté à regarder une personne à l’aide sociale avec les yeux du coeur parce que plusieurs d’entre elles ne font rien pour s’aider. » « Quand on veut, on peut. »
Les préjugés sur la pauvreté circulent abondamment dans la société québécoise, et ceux-ci ne sont pas inoffensifs à court, moyen ou long terme. Ils ont de lourdes conséquences sur la santé et la qualité de vie des personnes.
Lorsqu’individuellement et socialement, on tolère que soit véhiculée l’image que certaines personnes ont moins de valeur que les autres, on amène trop souvent ces personnes à finir par y croire elles aussi. Dans un tel contexte, il est difficile d’avancer dans la vie, de s’épanouir, de développer son potentiel et de sortir de la pauvreté. Pourquoi alors est-il encore aujourd’hui socialement acceptable de tenir en divers lieux et sur diverses tribunes des propos aussi disqualifiants à l’égard des personnes en situation de pauvreté ? Rappelons-nous, collectivement, que des personnes qui croient en leur potentiel auront la confiance de prendre la parole, de participer aux décisions, d’aller aux études ou de se trouver un emploi qui leur convient, etc.
Selon Statistique Canada, dans la région de la Capitale-Nationale, les indicateurs de vulnérabilité témoignent d’une situation positive et sont inférieurs à ceux de la plupart des régions du pays. Et pourtant, près de 10 000 familles vivent avec un faible revenu, c’est environ 5 % de la population. Comment se fait-il que des hommes, des femmes, des familles vivent des situations précaires et peinent à joindre les deux bouts dans une région aussi riche que la nôtre? Derrière ces chiffres se cachent des réalités toutes aussi différentes les unes que les autres, qu’il faut voir, qu’il faut prendre le temps de comprendre et sur lesquelles il faut agir.
Les citoyen-ne-s et les organisations membres de la Mobilisation Ensemble pour agir sur les préjugés croient qu’il faut dévoiler l’invisibilité de la pauvreté, de l’exclusion sociale et des inégalités afin de pouvoir changer les choses. La lutte à la pauvreté ne peut pas avoir d’impact durable si on n’aborde pas en même temps et de front la question des préjugés.
Dans le contexte de la campagne électorale provinciale, la Mobilisation souhaite interpeller les candidat-e-s sur les enjeux de la pauvreté et des préjugés. Qu’est-ce que les différents partis envisagent, concrètement, de faire pour améliorer les conditions de vie des personnes les plus pauvres, et pour agir sur les préjugés qui sont malheureusement encore monnaie courante dans notre région? Quelles initiatives porteuses de changement pourraient être imaginées et soutenues, par exemple, dans les réseaux de la santé et de l’enseignement? Pour la mobilisation, il apparait clair qu’il faut viser l’inclusion et la participation sociale de toutes les personnes afin de favoriser des rapports humains respectueux de la dignité de chacun.
Que l’on soit simple citoyen-ne ou élu-e, tout le monde a des préjugés. Le fait de catégoriser l’information (mécanisme naturel du cerveau) nous permet de simplifier la réalité afin d’adapter nos comportements et préparer nos réactions, ce qui peut être fort utile et pertinent. Cela veut aussi dire qu’à différents niveaux, dans notre vie personnelle, professionnelle, dans notre communauté, on fait donc toutes et tous partie de la solution. Le premier pas est d’avoir conscience de ses propres préjugés et de leurs impacts potentiellement néfastes, d’oser en parler avec humilité et humanité, et de se remettre en question et en action pour les dépasser. Autrement, les préjugés risquent d’influencer des décisions qui deviendront des lois, des politiques, des programmes et des mesures qui, une fois adoptés, auront un impact direct et bien réel dans la vie des personnes qui vivent des situations de pauvreté et d’exclusion sociale.
L’indicateur le plus puissant du développement humain est la possibilité d’avoir des projets et de se projeter dans l’avenir. Ainsi, reconnaissons le potentiel de chaque citoyenne et citoyen, et, donnons-leur les moyens pour y arriver. Lors d’un groupe de discussion, France, une personne en situation de pauvreté, a partagé ces mots évocateurs : « La pauvreté, c’est pas d’être pauvre de toute. »
Signataires :
Anne Dionne, vice-doyenne aux études, Faculté de pharmacie – Université Laval
Annie-Kim Toupin, étudiante en médecine à l’Université Laval et chargée de projet au comité SPOT- UL
Camille Plaisance, administratrice, Forum jeunesse de la région de la Capitale-Nationale
Caroline Dion, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Cathia Bergeron, doyenne, Faculté de médecine dentaire – Université Laval
Chantal Boucher, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Charles Rice, directeur, AGIR en santé mentale
Claudine Gagnon, responsable du volet Recherche AVEC, Collectif pour un Québec sans pauvreté
Émile Piché, coordonnateur par Intérim, Table de quartier l’Engrenage de Saint-Roch
Emmanuelle Careau, vice-doyenne à la responsabilité sociale, Faculté de médecine – Université Laval
Éric Lapointe, citoyen
Florence Laroche, étudiante en médecine à l’Université Laval et coordonnatrice du comité SPOT-UL
François Desbiens, directeur de santé publique, Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS)
Guillaume Plante, vice-président aux affaires externes, Association des étudiantes et étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS)
Hélène Labbé, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Ian Renaud-Lauzé, directeur général, Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes – Capitale Nationale (CAAP)
Jacqueline Laurencelle, citoyenne
Joanne Blouin, présidente, Projet L.U.N.E
Johanne Arseneault, animatrice, Atout-Lire Groupe populaire d’alphabétisation
Johanne Boudreault, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Josée Bouchard, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Jocelyn Niquette, citoyen
Julien Poitras, doyen, Faculté de médecine – Université Laval
Kevin Villeneuve-Tremblay, président, Association des étudiantes et étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS)
Louise Couture, dentiste
Lisa Verreault, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Marie-Anne Turcotte, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Marie-Emmanuelle Côté, agente d’accompagnement – Capitale-Nationale, Avenir d’enfants
Marie-Ève Gingras, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Maryline Côté, citoyenne
Maxim Amar, médecin, président, Clinique SPOT
Nathalie Bouchard, coordonnatrice, Clinique SPOT
Michel Aubut, président, Mouvement Personne D’Abord du Québec Métropolitain
Michelle Lefebvre, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Mireille Lavoie, doyenne, Faculté des sciences infirmières – Université Laval
Monique Toutant, citoyenne
Nancy Charland, vice-présidente développement social, Centraide Québec et Chaudière-Appalaches
Nathalie Giguère, directrice des services cliniques et coordonnatrice du Porte-clé, PECH
Pascale Primeau, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Sébastien Harvey, coordonnateur, Ligue des droits et libertés – section Québec
Simon Pouliot, coordonnateur aux représentations politiques, Association pour la défense des droits sociaux – Québec métropolitain (ADDS-QM)
Sophie Marcotte, professeure, Techniques de travail social – Cégep de Ste-Foy
Sylvie Dallaire, directrice, Fondation Famille Jules Dallaire
Véronique Girard, présidente, Regroupement pour l’Aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ)
Véronique Salmon, coordonnatrice, Association pour la défense des droits sociaux – Québec métropolitain (ADDS-QM)