Guignolée des médias 2018: Le double scandale de la faim et de l’indifférence politique
Le nombre de personnes qui recourent aux banques alimentaires est en augmentation (hausse de 34 % de 2008 à 2017). Il est donc peu surprenant que la moitié des organismes d’aide alimentaire aient manqué de nourriture pour répondre à la demande dans la dernière année.
Comme chaque année, La guignolée des médias est au rendez-vous pour essayer de combler une partie des besoins de ces organismes. Médias, artistes et bénévoles se mobilisent à la grandeur du Québec, et la population répond habituellement à l’appel.
(Lettre ouverte de Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté)
Comme toute opération de charité, La guignolée des médias est malheureusement nécessaire. Elle fera une différence pour des milliers de personnes, au moins pour le temps des Fêtes. Il s’agit d’un exemple de solidarité collective, en réponse à une situation scandaleuse: des personnes manquent de nourriture au Québec en 2018.
Cette situation n’est cependant pas fortuite. Elle est le fruit d’un autre scandale, celui de l’indifférence du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté. Si le fait qu’on ne puisse repérer aucune occurrence des mots « pauvreté » et « inégalité » dans le discours inaugural du premier ministre était le signe précurseur de cette indifférence, l’annonce dans la mise à jour économique que les aînés à faible revenu auront désormais droit à 200 $ de plus par année – l’équivalent de 55 cents par jour – en est la triste confirmation. Faut-il rappeler que le surplus budgétaire avoisine les 4 milliards $?
La guignolée donne certes un coup de main; mais ce coup de main laisse intacts les mécanismes qui engendrent la pauvreté. Dans une optique de justice sociale, ne devrions-nous pas pouvoir compter sur un gouvernement qui respecte les droits de la personne et assure un revenu décent à toutes et à tous plutôt que sur la charité?