François Blais : un ministre plus fermé qu’une huître
Depuis le début de l’étude détaillée du projet de loi 70 en commission parlementaire, le ministre responsable de cet épineux dossier, François Blais, refuse de divulguer des données qui pourraient aider la population, les organisations et les oppositions à mieux juger de la pertinence des mesures qu’il préconise pour les personnes assistées sociales. Se pourrait-il qu’il garde pour lui certaines informations parce qu’elles ne servent pas son argumentaire?
On est en droit de se demander si le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale a décidé de retenir sciemment des études et des statistiques qui pourraient nuire à l’adoption du projet de loi 70. Ce serait un exemple supplémentaire du déficit démocratique et éthique qui gangrène le gouvernement du Québec.
Soulignons que les opposants à l’approche coercitive ont vainement fait d’innombrables demandes d’information au ministre Blais pour mieux appréhender la réalité des personnes assistées sociales et les différents enjeux soulevés par le projet de loi 70. Par exemple, le ministre n’a jamais voulu révéler des données aussi élémentaires que le nombre de primo-demandeurs d’aide sociale qui participent aux mesures d’aide à l’emploi ou le nombre de ceux et celles qui arrivent à quitter l’aide sociale dans un délai d’un an.
Cette rétention d’information semble s’inscrire dans un processus de désinformation. Cette attitude est particulièrement surprenante chez un ancien professeur universitaire. En plus de nuire profondément au débat démocratique, elle dénote un troublant manque d’éthique. Un ministre ne devrait-il pas dévoiler toute information d’intérêt public?
Aucune ouverture au compromis
Par ailleurs, le ministre Blais est plus fermé qu’une huître depuis le début de l’étude de la deuxième partie du projet de loi 70, soit celle qui porte sur la création du programme Objectif emploi. Il n’a accepté aucun compromis et a refusé toutes les propositions d’amendement des partis d’opposition. Et cette semaine, pour couronner le tout, il a refusé de rencontrer les représentantEs de la Coalition Objectif Dignité pour discuter d’une proposition alternative qui se résume en six points :
– Une rencontre initiale où la personne qui fait une demande d’aide sociale reçoit du soutien de l’agentE d’aide socioéconomique, notamment pour bien remplir sa demande et s’orienter vers un programme adapté à ses besoins;
– Une deuxième rencontre (optionnelle) axée sur le plan d’intégration de la personne qui choisit de participer au programme Objectif emploi;
– Une allocation de participation uniformisée à 260$;
– Une prestation de base à l’abri des pénalités financières;
– Un scénario d’ensemble simplifié, avec des pénalités sur l’allocation de participation calculée selon le nombre de jours d’absence;
– La possibilité pour la personne qui participe au programme d’y rester ou de le quitter quand elle le désire.
Devant l’absence d’ouverture au compromis du ministre Blais et son manque de volonté de faire circuler de l’information pertinente, il nous apparaît légitime d’affirmer qu’il fait obstruction à un débat sain et éclairé sur le projet de loi 70, une attitude d’autant plus indigne que son projet de loi aura pour conséquence d’appauvrir les plus pauvres des plus pauvres.
Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté