François Blais, un ministre déconnecté de la réalité
Dans sa lettre ouverte « Objectif emploi : s’acharner contre le bon sens », le ministre François Blais essaie de répondre aux président.e.s des quatre grandes centrales syndicales, qui lui reprochaient de s’acharner contre les personnes assistées sociales avec l’approche punitive et coercitive de sa dernière réforme de l’aide sociale.
(Lettre ouverte de Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté. La caricature de Garnotte est tirée du Devoir du 21 septembre.)
Dans sa réponse, le ministre fait la démonstration de toute la distance qui sépare son gouvernement de la population et particulièrement des personnes en situation de pauvreté.
Son argumentation repose essentiellement sur le fait que les sanctions prévues par le programme Objectif emploi ne seraient pas bien sévères: « Si le cœur d’Objectif emploi reposait, comme le prétendent les auteurs, sur des “punitions”, alors celles-ci devraient nécessairement être plus lourdes, durables et irrévocables. »
Ainsi, François Blais nous dit que les sanctions auraient pu être plus sévères. Il se sent donc justifié d’affirmer que ce ne sont pas de vraies punitions. C’est comme s’il nous disait: « J’aurais pu leur couper les dix doigts, mais je vais juste en enlever un à la fois, pour un maximum de trois. »
Il est anormal que nous ayons à rappeler au ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale une réalité aussi évidente : avec une prestation mensuelle d’aide sociale de 628 $, les personnes seules et jugées sans contraintes à l’emploi couvrent à peine la moitié des besoins de base reconnus. Elles sont en situation de survie.
Menacer de couper jusqu’à 224 $ à ce montant de misère est purement indécent. Des gens vont se retrouver à la rue, sombrer dans l’indigence.
Et prétendre qu’il s’agit là de punitions qui ne sont pas sévères révèle une déconnexion de la réalité. Une déconnexion gênante alors que le premier ministre, déjà en mode électoral, dit souhaiter « appuyer [les citoyens] avec des politiques pertinentes qui veulent dire quelque chose dans la réalité de la vie quotidienne des gens et donner à tout le monde possibilité et conviction qu’ici on peut arriver à son plein potentiel ».
Le ministre Blais nous démontre que son gouvernement a du chemin à faire avant de se rapprocher de la population.
Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté