Élections québécoises 2018: Les personnes en situation de pauvreté en ont assez d’être ignorées
Dans l’espoir d’attirer l’attention des partis politiques sur un enjeu oublié de la campagne électorale, 13 personnes en situation de pauvreté de différentes régions du Québec ont tenu ce matin un point de presse devant les bureaux du futur premier ministre ou de la future première ministre. Elles ont invité les partis à oser parler de lutte contre la pauvreté, à en débattre et à s’inspirer de leurs propositions.
(Pour voir l’album photo: Point de presse du 7 septembre 2018 et la vidéo: Il faut parler de pauvreté)
Pourquoi faudrait-il parler davantage de lutte contre la pauvreté?
Sylvain Caron (Rawdon) : « Il est scandaleux qu’une personne sur dix ne couvre pas ses besoins au Québec. La pauvreté, c’est une atteinte fondamentale aux droits humains. Le droit à un revenu décent est un droit fondamental. Sans celui-ci, on supprime en partie ou en totalité le droit de vivre. »
Peter Belland (Abercorn) : « C’est à cause de la pauvreté que beaucoup de personnes ont des problèmes de santé, autant physique que mentale. Il y a un lien direct. »
Patrick Tremblay (Québec) : « C’est une question de solidarité. Tout le monde et tous les candidats connaissent des personnes en situation de pauvreté : un ami, un voisin, un membre de la famille. »
Denis Morneau (Longueuil) : « La pauvreté ne touche pas que les personnes très pauvres, celles qui reçoivent de l’aide sociale. Sur l’aide sociale, t’es vraiment pauvre. Mais il y a aussi d’autres pauvres, comme quand tu dépenses plus de la moitié de tes revenus pour te loger. »
Quelles mesures pourraient faire une différence dans la vie des gens?
Joan Tremblay (Saint-Hyacinthe) : « Tout le monde devrait minimalement pouvoir couvrir ses besoins de base. Peu importe la forme que prendrait le soutien financier, il devrait être inconditionnel. Tout le monde devrait y avoir accès. Un revenu de citoyenneté sans coupure de services favoriserait une meilleure redistribution de la richesse tout en éliminant la stigmatisation des « BS ». Il rééquilibrerait l’espérance de vie des personnes appauvries au lieu de l’hypothéquer de 10 années. »
Frédéric Mailhot (Montréal) : « Il faudrait hausser les prestations d’aide sociale au moins jusqu’à la mesure du panier de consommation (18 000$ par année) pour toutes les personnes, avec ou sans contraintes à l’emploi. Ça devrait être un minimum, un premier pas, car ça ne nous fait même pas sortir de la pauvreté. »
Maryline Côté (Québec) : « Les pensions alimentaires sont injustement considérées comme un revenu du parent par l’aide financière aux études, l’aide sociale, l’aide juridique et l’Office municipal d’habitation de Québec. Cela m’empêche de subvenir aux besoins essentiels de mes enfants. C’est un véritable détournement! »
Marcel Bélisle (Farnham) : « Il y a des choses pas logiques dans le système. Tu te fais couper quelque part quand tu vas chercher de l’argent ailleurs, dans un autre programme. Tu es toujours au minimum. »
Denis Veilleux (Sherbrooke) : « Les gens qui arrivent à 60 ans sont obligés de prendre leurs rentes, ce qui fait que leur aide sociale est automatiquement coupée du même montant. Pourtant, j’ai travaillé pour avoir mes rentes. Recevoir ce montant ferait une différence dans ma vie. »
Robert Roussel (Montréal) : « Il faut que le prochain gouvernement contribue à la lutte contre les préjugés. C’est important d’avoir une place dans la société et elle est difficile à trouver à cause des préjugés. Tout le monde a ses forces et ses faiblesses. Il faut reconnaître toutes les formes de contribution comme le bénévolat ou le militantisme. »
Jean-Marc Laprade (Sherbrooke) : « C’est dur de rentrer sur l’aide sociale et c’est difficile de s’en sortir. Quand on est rentrés, on est étiquetés « BS » ou « aide sociale ». C’est lourd à porter. »
Éric Lapointe (Québec) : « Pour commencer, il faut démystifier les causes de la pauvreté, qui ne sont pas toujours connues. Les préjugés cachent souvent des situations de vie qui peuvent mener à la pauvreté. »
Ghislain Hudon (Québec) : « L’augmentation du salaire minimum pourrait aider les gens à sortir de la pauvreté. Il faudrait faire plus de sensibilisation auprès des entreprises pour qu’elles embauchent des personnes à 15$ l’heure. »
En conclusion
Précisons que les personnes qui ont participé au point de presse ont répondu à une invitation du Collectif pour un Québec sans pauvreté, qui déplore depuis le début de la campagne que l’enjeu de la lutte contre la pauvreté y trouve si peu de place. Faire entendre la parole des personnes en situation de pauvreté, c’est un des volets du travail du Collectif.