Québec, le 15 juin 2005 - Le Front commun des personnes assistées sociales du Québec et le Collectif pour un Québec sans pauvreté dénoncent l'adoption aujourd'hui par l'Assemblée nationale du Projet de loi 57 - Loi sur l'aide aux personnes et aux familles . Depuis un an, les deux regroupements n'ont pas cessé, tout comme de nombreuses organisations québécoises, de s'objecter à ce projet de loi qui, même amendé, continuera de fabriquer inégalités, harcèlement et pauvreté, ceci malgré les obligations contraires faites par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale . La nouvelle loi ne changera pas le fait que le gouvernement se donne le pouvoir de persister à dévaluer une prestation de base qui a perdu 30% de sa valeur en 20 ans. À 537 $ par mois, cette prestation n'assure toujours pas aux personnes les plus pauvres de la société québécoise leur droit en toute égalité à un niveau de vie décent par une couverture correcte de leurs besoins.
Loin de répondre aux exigences de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale même si elle abolit les pénalités à l'aide sociale, la nouvelle loi augmentera les catégorisations fondées sur l'aptitude au travail en divisant les prestataires en deux programmes séparés selon ce critère porteur de préjugés. Elle revient à des approches catégorielles, avec, pour certaines, des droits de recours limités. Une partie de l'aide financière accordée dans ces programmes spécifiques échappera à la loi et aux règlements et fera l'objet de simples décisions administratives. La nouvelle loi augmente également les pouvoirs discrétionnaires du ministre responsable. Elle pourrait dans certains domaines retourner le Québec quarante ans en arrière en matière d'aide sociale. Elle ouvre la porte à des ententes particulières et à des formes de sécurité du revenu privées. Elle revient à l'ère, décriée, des programmes «extra». Elle diminue les garanties offertes aux personnes de 55 ans et plus.
«Nous assistons à une nouvelle démonstration de la dureté du Premier ministre Jean Charest et de son gouvernement, s'insurgent Éric Bondo , porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales et Vivian Labrie , porte-parole du Collectif. Devant les protestations très fondées que ce projet de loi a provoquées, il aurait très bien pu le retirer. Il aurait pu amender correctement la loi actuelle en attendant une meilleure loi et montrer avec de vrais dollars qu'il comprend l'obligation que lui fait la loi sur la pauvreté d'améliorer les revenus et les conditions de vie de l'ensemble des personnes en situation de pauvreté. Au lieu de cela, il dupe la population avec une mauvaise dope : les préjugés. Elle lui est bien utile pour intervenir dans l'économie au profit des plus riches en incitant à l'emploi mal payé.»
«Cette loi est comme un gratteux pour un tirage où la société ne gagnera pas, avertissent les porte-parole : la suite viendra avec le projet de règlements qui contiendra, pour toutes les zones grises aperçues dans le projet de loi, les montants et les détails empoisonnés des contraintes qui les accompagneront.»
Renforcés dans leur détermination, le Front commun et le Collectif redisent leur solidarité aux personnes assistées sociales du Québec devant ces nouveaux obstacles qui s'érigent sur le chemin de l'égalité en droits et d'un Québec sans pauvreté.
Toujours deboutEs.
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