Québec, le 9 mai 2002 - Où est l'équité dans le projet de loi sur l'assurance-médicaments déposé par le ministre François Legault, demande le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté?
"Quand le ministre Legault annonce qu'il agit avec équité en n'augmentant pas la franchise et la co-assurance des personnes assistées sociales jugées aptes au travail et des personnes âgées recevant le supplément de revenu garanti, il maintient une situation inéquitable et il ne dit pas que ce que le milieu lui demande c'est la gratuité des médicaments pour ces personnes", s'insurge Vivian Labrie, porte-parole du Collectif.
Le ministre ne dit pas, rappelle le Collectif, que la gratuité existait pour toutes les personnes assistées sociales avant l'assurance-médicaments et que leurs prestations n'ont jamais été haussées pour compenser cette charge supplémentaire. Il ne dit pas non plus que les coûts en jeu ne sont pas très importants, selon le rapport Montmarquette lui-même, et que ce sont des coûts fixes, non responsables de l'explosion des coûts du système d'assurance-médicaments.
Il ne dit pas que la gratuité n'est pas accordée aux personnes les plus pauvres à l'aide sociale : soit celles que le système juge comme n'ayant pas de contraintes et qui doivent arriver avec à peine 515$ par mois. Il ne dit pas que ces catégorisations très contestables entre les personnes qui ont des contraintes à l'emploi et celles qui n'en auraient pas font du système d'aide sociale actuel un régime discriminatoire amplement décrié dans la société québécoise.
Il ne dit pas que les personnes assistées sociales sont plus malades que les autres notamment parce que leurs prestations ne couvrent pas leurs besoins essentiels.
Il ne dit pas que des milliers de personnes jugées aptes doivent se débrouiller avec encore bien moins que 515$ parce qu'elles subissent des coupures de toutes sortes. Qui pourrait avec une prestation réduite à moins de 300$ - une situation trop souvent rencontrée - assumer le 17$ par mois qu'exige le régime pour lui donner accès aux médicaments, demande le Collectif ?
Que répond le ministre, à Lise, de Laval, qui dit : "Ce n'est seulement à la fin du mois que la pauvreté se vit, c'est tout au long du mois. Elle se traduit un peu comme ceci : réduction de la médication tout au long du mois afin de répartir sur deux mois. Idem pour la nourriture, c'est en se privant que l'on finit par boucler le budget."
Et à cette autre personne de Rouyn : "Je dois aller me chercher de l'aide alimentaire. Dégradant. Je ne peux payer ma médication. Donc, toujours à recommencer le traitement."
Le Québec est une des société riches de la planète. La décence la plus élémentaire consiste à ne pas prendre dans la vie des plus pauvres pour compenser les dysfonctionnements du système. Le Collectif fait appel à la population et à tous les parlementaires du Québec, de quelque allégeance politique qu'ils et elles soient, pour faire remplacer cette disposition du régime d'assurance-médicaments par le rétablissement la gratuité des médicaments pour toutes les personnes à l'aide sociale de même que pour les personnes âgées recevant le supplément de revenu garanti.