QUÉBEC, le 20 mars 2012 – En matière de lutte à la pauvreté et de réduction des inégalités, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a préféré faire bien paraître le Québec plutôt que d’en livrer une image réaliste, et nécessairement moins rose. En fait, il a tenté sa chance, sans succès.
Difficile d’avoir l’heure juste sur les inégalités
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté a, par le passé, recommandé au gouvernement du Québec qu’il fournisse, dans sa documentation budgétaire, les données nécessaires pour juger de l’évolution des inégalités socioéconomiques. Un cahier spécial les fournit enfin. De façon partielle et partiale toutefois.
Dans ses calculs sur les inégalités, le Ministère emprunte à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) une méthode qui ne tient pas compte du décile le plus riche de la population. « Ne pas tenir compte des 10 % les mieux nantiEs au Québec, cela déforme complètement le portrait », d’affirmer Robin Couture, porte-parole du Collectif. En effet, en utilisant d’autres méthodes, le Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion (CEPE) constate, quant à lui, une progression des inégalités au Québec. En 2007, la part de revenu accaparée par le décile des QuébécoisES les plus riches s’établissait à 37 %. Peut-on faire fi d’une telle concentration de la richesse? « Pour mobiliser l’ensemble de la société sur un enjeu aussi préoccupant que celui des inégalités, il est essentiel de s’élever au-dessus de la partisanerie et de donner l’heure juste aux gens. Or, en présentant une image embellie de la réalité, le ministre risque de repousser aux calendes grecques toute action significative sur cet enjeu », a-t-il poursuivi.
Un véritable plan d’appauvrissement
Le ministre Bachand affirme que le « budget d’aujourd’hui ne contient aucune nouvelle taxe, aucun nouvel impôt pour les citoyens québécois ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que toutes les mesures régressives ont été annoncées lors du budget « programmatique » de 2010-2011. « Qui plus est, les données disponibles pour analyse s’arrêtent en 2009 et ne nous permettent donc pas de considérer leurs impacts sur les inégalités », de poursuivre M. Couture. En fait, sur les plans de la pauvreté et des inégalités, les trois budgets Bachand se résument facilement : maintenir les plus pauvres en situation de pauvreté, appauvrir davantage une partie importante de la classe moyenne et « libérer les ambitions » des plus riches. « En privilégiant la taxation et la tarification à l’imposition progressive, le ministre est en train de corrompre tout le pacte social et fiscal, le lien des citoyenNEs entre eux et avec l’État », a-t-il insisté.
Rien pour les plus pauvres
Les plus pauvres au Québec, ce sont les personnes seules. Et celles-ci demeureront pauvres : le budget 2012-2013 ne contient aucune mesure pour améliorer leur situation. Entre 2003 et 2009, le taux de faible revenu des personnes seules, suivant la mesure du panier de consommation (MPC), s’est détérioré, passant de 21,5 % à 25,7 %. Autrement dit, plus d’une personne seule sur quatre ne couvre pas ses besoins de base au Québec. Pour les femmes seules, c’est encore pire : c’est plus d’une sur trois. « Les QuébécoisES sans enfants sont traitéEs comme des citoyenNEs de second ordre, leurs droits sont bafoués. Le revenu des plus pauvres au Québec correspond à seulement 51 % de la couverture des besoins de base, du minimum vital reconnu par touTEs, même par le gouvernement. Et ce dernier a le front de leur dire aujourd’hui que ce n’est pas à la veille de changer! », de conclure M. Couture.
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