Québec, le 25 mai 2000 - Le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté a complété une série de rencontres d'information et de discussion qui, depuis trois jours, a mis ses représentants face aux élus des trois formations politiques présentes à l'Assemblée nationale.
Ces rencontres avaient pour but d'informer les parlementaires sur le contenu de la proposition de loi préparée depuis deux ans par le Collectif et son réseau ainsi que d'en discuter avec eux. Les représentants de l'organisme ont également appelé les élus à faire avancer ce projet de manière non-partisane, pour que la proposition deviennent une vraie loi.
La série de rencontres a débuté avec le caucus du Parti libéral du Québec, le 23 mai, et s'est poursuivit, le 25 mai, avec, consécutivement, le caucus du Parti québécois et l'Action démocratique du Québec.
" Le projet que nous leurs avons expliqué est audacieux et demande un bonne dose de courage politique, a analysé Vivian Labrie, porte-parole du Collectif, à la sortie de la dernière rencontre. Demander aux élus de le faire avancer, c'est leur demander d'oser aller à contre-courant des tendances actuelles. "
Ouvrir la discussion
Dans l'ensemble, les délégués du Collectif s'estiment satisfaits de la série de rencontre qui aura permis d'ouvrir un dialogue avec la députation. Il ont, par ailleurs, apprécié l'intérêt avec lequel les députés ont accueilli ce qu'ils avaient à dire et la reconnaissance, par ces derniers, du sérieux de la démarche du Collectif. Ils ont soulignés le fait que les députés du PQ et du PLQ s'étaient présenté en grand nombre.
Le PLQ
Dans leurs questions, les députés du Parti libéral ont surtout cherché à savoir quelle était l'importance relative donnée par leurs interlocuteurs aux différentes mesures et actions proposées dans la loi. Sur ce sujet, les représentants du Collectif ont répliqué que leur proposition n'a de sens que prise dans son ensemble. " La lutte à la pauvreté demande une approche globale et cohérente, approche que notre proposition adopte tant qu'on ne la scinde pas en mesures isolées et sans lendemain ", a fait valoir Vivian Labrie au nom du groupe.
Le PQ
Cet argument a été répété aux députés péquistes. " Cela dit, nous encourageons le gouvernement à adopter des mesures qui vont dans le sens des mesures urgentes énoncées dans la proposition, en attendant un véritable plan d'ensemble ", a renchéri Mme Labrie.
Lors de la rencontre avec le caucus du Parti québécois, le ministre André Boisclair a annoncé qu'au dernier conseil des ministres, que le Premier ministre lui avait confié la responsabilité d'un comité de travail pour faire le bilan des réalisations gouvernementales en matière de lutte à la pauvreté. Les délégués du Collectif voient dans ce geste la preuve que le gouvernement cherche une réponse à leur projet.
L'ADQ
Pour sa part, Mario Dumont a accueilli favorablement l'idée d'une loi-cadre comme moyen de lutte à la pauvreté. Le chef de l'ADQ a souligné qu'une démarche de citoyenneté comme celui du Collectif s'accorde bien aux principes mis de l'avant par son parti, notamment dans son projet de Loi sur l'initiative populaire. " En d'autres mots, avec l'ADQ, nous en sommes à la deuxième lecture ", a résumé Mme Labrie.
Les suites
Les rencontres avec les politiciens ne sont pas terminées pour le Collectif. En effet, le chef de l'opposition officielle, Jean Charest, recevra ses représentants le 30 mai. Pour sa part, le Premier ministre Lucien Bouchard s'est déjà engagé à une rencontre prévue pour le début du mois de juin.
Pour la suite, le Collectif se donnera le temps d'évaluer la situation et de poursuivre le travail d'information sur sa proposition au sein de la population. Cette dernière est d'ailleurs conviée à participer aux activités de la Marche mondiale des femmes contre la violence et la pauvreté qui, au Québec, appuie la proposition du Collectif.
Le Collectif
Rappelons que le Collectif a entrepris il y a plus de deux ans une démarche visant à faire avancer l'idée que le Québec se dote d'une loi cadre visant à éliminer la pauvreté. Il a recueilli pendant cette période plus de 175 000 signatures à la pétition Éliminer la pauvreté, c'est possible et nous le voulons et a reçu plus de 1300 appuis associatifs et institutionnels au principe d'une loi cadre, dont ceux de plusieurs villes et municipalités. Le Collectif est constitué de 20 organisations nationales provenant du milieu communautaire, syndical, féministe, religieux, étudiant et coopératif.
Le 13 mai dernier, il lançait le texte de sa proposition de loi à l'occasion d'un rassemblement qui a réuni 2000 personnes devant l'Assemblée nationale.
Avec ces représentations auprès des parlementaires, le Collectif entreprend la prochaine étape de son existence, celle qui consiste à sortir, parler et convaincre afin de faire de sa proposition de loi une véritable législation.