Category : Budget du Québec
Comme vous le savez sans doute, mardi prochain, le 30 mars 2004, le ministre des Finances Yves Séguin présentera le budget du Québec 2004-2005. La même journée la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, déposera les crédits qui détermineront les budgets des ministères pour la prochaine année. Nous avons mis à jour les deux outils d'analyse budgétaire que vous connaissez déjà bien : l'outil d'analyse globale du budget et la «marmite». Nous en ajoutons un troisième sur l'impact du budget sur les plus faibles revenus.
- Outil 1 : analyse globale et application de la loi
Impression: format légal et calendrier.
Le premier outil vous permet une analyse complète du budget suivie d'une analyse plus pointue de la manière dont le budget va appliquer la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale et les demandes budgétaires du Collectif. Il vous permet de classer l'ensemble des annonces budgétaires selon leur impact sur les personnes, les entreprises, les revenus du gouvernement, les répartitions entre niveaux de gouvernement, les programmes, l'emploi et l'économie, l'équilibre budgétaire, la dette et la méthode budgétaire. Vous pouvez dans chaque cas comparer les annonces de l'année aux annonces des années précédentes.
- Outil 2 : les mesures en question et l'échelle sociale
Le second outil, dit la «marmite», échelonne les mesures demandées ou présumées le long d'une échelle sociale placée à côté d'une marmite sur le feu. La marmite rappelle que l'économie ça se chauffe par le bas! Vous êtes invitéE à cocher les mesures annoncées et à ajuster le portrait selon les annonces entendues.
- Outil 3 : l'impact du budget sur les plus faibles revenus
Le troisième outil, très simple, vous invite à évaluer, chiffres à l'appui, si la situation évolue pour les personnes seules, les couples, les familles qui ont les revenus les plus bas au Québec. Au verso, vous trouverez quelques données utiles pour votre évaluation.
À surveiller dans ce budget
Une surprise, qui n'en est pas vraiment une, a été de constater que l'outil «marmite» préparé pour le premier budget Séguin en juin dernier n'a presque pas eu besoin d'être changé pour ce nouveau budget de mars. Les seules nouveautés à suivre d'un peu plus près, outre les promesses du ministre sur le logement social, ont trait aux allocationsfamiliales et au programme APPORT, qui serait aboli pour être remplacé par un programme de soutien aux faibles revenus plus automatique.
Comment évaluer les annonces à venir mardi ?
Pour les allocations familiales, ce que vous devez savoir, c'est que la prestation fédérale pour enfant plus l'allocation familiale donnent au maximum en ce moment 2 600$ pour un premier enfant, 2 400$ pour un second enfant et 1 200$ en supplément pour une famille monoparentale. Ces montants n'ont pas été indexés depuis le milieu des années 1990. Vous imaginez la perte de pouvoir d'achat.
Le ministre parle de rétablir une portion universelle. C'est bien dans le sens que ça rendra plus visibles les crédits d'impôt trop vite oubliés avec l'obsession du «fardeau fiscal». Mais il faudra surtout surveiller ce qui arrive aux montants prévus pour les familles les plus pauvres. Les groupes «famille» réclament de faire passer les montants de 2 600$ à 4 000$. Qu'en sera-t-il mardi ?
Le programme APPORT est un programme peu utilisé par les familles entre autres à cause de sa complexité. S'il ne s'insère pas dans une approche globale du type de celle que nous proposons (abolition des pénalités à l'aide sociale, couverture des besoins essentiels à l'aide sociale, abolition de l'approche apte-inapte, salaire minimum faisant sortir de la pauvreté), son remplacement risque d'être pavé d'effet pervers. Il faudra s'assurer que la formule choisie n'aura pas pour effet, par exemple, d'encourager les employeurs à recourir au «cheap labor» en subventionnant des emplois de faible qualité. On vous invite donc à aborder ça avec prudence.
En fait, ce qu'il faut pouvoir trouver dans ce budget, ce sont les provisions nécessaires pour un plan d'action qui aura de l'allure pour appliquer la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Et en premier, vous avez vu notre campagne de mars sur l'impossible prestation d'aide sociale de 533 $, il faudra trouver des mesures qui relèvent concrètement les revenus des personnes et des familles qui vivent les plus grandes situations de pauvreté. Vous connaissez nos mesures urgentes. Le coût de celles qui ont un impact budgétaire est indiqué dans les documents d'analyse (voir aussi notre communiqué du 4 mars dans l'avant-dernière Soupe au caillou ).
Est-il utile de se rappeler que le budget aura lieu un 30 du mois, à un moment où des milliers de personnes sont au bout du rouleau depuis plusieurs jours ? Nous entendrons probablement bien des gens parler du manque à gagner du Québec par les transferts trop faibles du budget Goodale de cette semaine et on invoquera sans doute les raisons habituelles de passer à côté des dépenses nécessaires.
Ce ne sont pas des arguments qui tiennent quant à nous : le déficit humain accumulé par les plus pauvres de cette société est bien plus grave et comme nous l'avons beaucoup répété, l'abondance est là. C'est ce que nous avons dit cette semaine dans une lettre aux parlementaires de l'Assemblée nationale : ce n'est pas une question de moyens, c'est une question de choix.
Nous serons quant à nous au huis-clos du budget comme d'habitude avec un groupe d'étude citoyen d'une douzaine de personnes, ainsi qu'au huis-clos des médias. Nous allons tâcher de faire circuler notre communiqué et nos analyses le plus rapidement possible. On vous invite de votre côté à faire des écoutes collectives du budget, à réagir aux annonces, bref à exercer votre vigilance habituelle. Il faudra aussi faire bien attention aux crédits déposés, en particulier aux montants alloués à l'Emploi, à la Solidarité sociale, à la Famille.
Et tirer ensuite nos conclusions. Bonne préparation !