Budget du Québec 2024-2025: Vers un 4e plan de lutte contre la pauvreté qui ne réglera aucune crise
Avec son budget 2024-2025, le gouvernement du Québec annonce l’investissement de 784 M$ pour les cinq prochaines années afin de « réduire la pauvreté et favoriser l’inclusion sociale ». Tout porte à croire que les sommes investies seront au cœur du 4e plan de lutte contre la pauvreté qui devrait être dévoilé ce printemps. « Si tel est le cas, il est à craindre que le 4e plan de lutte sera plus que décevant pour les personnes en situation de pauvreté qui ne verront pratiquement aucune amélioration de leurs conditions de vie », s’indigne M. Serge Petitclerc, co-porte-parole du Collectif.
Principales mesures de lutte contre la pauvreté pour les cinq prochaines années
Une bonification de 285,6 M$ est réservée au financement du transport pour les personnes à mobilité réduite. Des sommes qui semblent prévues pour maintenir à flot ce type de service.
Une somme de 200,8 M$ est destinée à la poursuite de la bonification du programme Allocation-logement pour les trois prochaines années. Rappelons que ce programme s’adresse aux personnes à faible revenu de 50 ans et plus.
Une somme de 136 M$ est prévue pour le financement d’« actions dans les communautés ». Il s’agit principalement du maintien des Alliances pour la solidarité qui soutiennent des initiatives locales et régionales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Un montant de 82 M$ est également budgété pour « favoriser l’intégration sociale et professionnelle ». Ce montant inclut une somme de 10 M$ pour créer un « Supplément de revenu de travail » pour les personnes assistées sociales. Ce supplément, qui entrera en vigueur en 2024, prévoit que les personnes assistées sociales pourront conserver 10 % de leurs gains de travail nets, qui excèdent leurs revenus de travail permis de 200 $ pour une personne seule ou 300 $ pour un couple. Par exemple, si une personne seule empoche 500 $ en revenu de travail au cours d’un mois, elle pourra conserver 30 $ de plus qu’actuellement. Précisons qu’à peine 3 % des personnes assistées sociales déclarent des revenus de travail.
Enfin, ce sont quelque 80 M$ qui sont prévus pour le soutien à l’aide alimentaire, dont une somme de 40 M$ pour soutenir le réseau des banques alimentaires sur une période de deux ans (de 2024 à 2026) et 34 M$ pour soutenir le Club des petits déjeuners et La Cantine pour tous sur une période de cinq ans.
La pensée magique du gouvernement
« Avec des mesures aussi timides, le budget 2024-2025 ne réglera rien aux crises qui frappent actuellement le Québec (insécurité alimentaire, itinérance, logement, etc.). Au contraire! À cause de son refus d’agir, le gouvernement devra être tenu directement responsable de leur aggravation, s’exclame Serge Petitclerc.
« Ce budget ne prévoit rien pour empêcher les gens de se retrouver à la rue ou pour aider les milliers de personnes qui s’y trouvent à s’en sortir. Rien pour freiner l’augmentation du recours aux banques alimentaires, qui semble inexorablement se normaliser. Et pratiquement rien pour alléger le fardeau des dizaines de milliers de locataires qui n’arrivent tout simplement plus à se loger convenablement.
« Croire que les différentes crises qui frappent le Québec vont se résorber d’elles-mêmes relève de la pensée magique. La dégradation des conditions de vie d’un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans les dernières années aurait dû inciter le ministre des Finances à déposer un budget visant à assurer à toutes et à tous la couverture de leurs besoins de base. Personne au Québec ne devrait être forcé de vivre dans la rue, d’avoir recours à une banque alimentaire, d’habiter dans un logement inabordable. Il s’agit ici d’un minimum, d’une simple question de respect des droits. »
Se donner les moyens de lutter contre la pauvreté
« Pour se donner les moyens de mettre en place des mesures structurantes de lutte contre la pauvreté, le Collectif avait recommandé au gouvernement d’annuler sa dernière baisse d’impôt et de réinvestir les sommes récupérées dans le filet social, rappelle la co-porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. En se contentant du statu quo, le gouvernement fait malheureusement le choix de priver le Québec de milliards de dollars qui font cruellement défaut aux services publics et aux programmes sociaux qui pourraient servir à lutter contre la pauvreté.
« Les mesures présentes dans le budget déposé aujourd’hui sont inadéquates, vu l’ampleur des besoins, pour faire reculer durablement la pauvreté. Comme ces mesures devraient se retrouver dans le 4e plan de lutte contre la pauvreté, on peut craindre le pire pour les prochaines années. »