24 janvier 2020 Communiqué

Budget du Québec 2020-2021: Le gouvernement va-t-il enfin s’occuper des plus pauvres?

Dans une lettre publiée le 18 janvier, le ministre Jean Boulet souligne que nous avons la responsabilité collective « de réduire les inégalités sociales et économiques » et assure que nous pouvons compter sur son gouvernement « pour demeurer en action contre la pauvreté ». En prévision du prochain budget du Québec, le Collectif pour un Québec sans pauvreté salue ces belles intentions et invite le gouvernement à véritablement passer à l’action : il est temps qu’il travaille à améliorer le niveau de vie des personnes assistées sociales, les personnes les moins nanties de notre société.

Aider prioritairement les plus pauvres

Selon le Collectif, un principe simple devrait guider l’action du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté : cibler prioritairement les personnes les plus pauvres, soit les personnes assistées sociales, pour leur permettre, au minimum, de couvrir leurs besoins de base selon la Mesure du panier de consommation (MPC; environ 18 000 $ par année). Rappelons que 362 000 personnes bénéficient présentement des différents programmes d’aide financière de dernier recours. Au programme d’Aide sociale, les personnes seules touchent une prestation mensuelle totale de 690 $, alors que les personnes vivant en couple se partagent une prestation de 1049 $.

« Les personnes au programme d’Aide sociale ont un revenu qui leur permet de couvrir à peine la moitié des besoins de base, relève le porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Pourquoi ces personnes mériteraient-elles un traitement aussi indigne? Il est absurde de prétendre qu’il est possible de boucler un budget avec 690 $ par mois au Québec en 2020, surtout avec la crise du logement actuelle. Et la situation est à peine meilleure pour les personnes présentant des contraintes sévères à l’emploi. Avec le programme de Solidarité sociale, elles touchent une prestation mensuelle totale de 1088 $ pour les personnes seules et de 1596 $ pour les couples. »

« Nous reconnaissons que le gouvernement a su poser quelques gestes pour les personnes assistées sociales, comme le versement automatique d’une portion du crédit d’impôt pour solidarité et l’exemption partielle des pensions alimentaires pour enfants du calcul du revenu. C’est bien, mais ces mesures viennent seulement combler des lacunes des programmes d’assistance sociale et donner accès aux personnes à de l’argent qui leur est dû. Pour ce qui est des récents ajustements de 10 $ des prestations d’aide sociale et de solidarité sociale, il est important de rappeler qu’il s’agit d’un simple rattrapage. Ces mesures cosmétiques ne changent rien au fond du problème, soit l’insuffisance chronique des prestations d’assistance sociale. »

Mettre en œuvre le programme de Revenu de base

Serge Petitclerc poursuit : « La situation est différente pour les personnes assistées sociales avec des contraintes sévères à l’emploi de longue durée qui touchent des prestations plus élevées et qui s’attendent, d’ici quelques années, à toucher le revenu de base. Souvenons-nous que celui-ci est censé atteindre ou même dépasser la MPC. Malheureusement, le règlement devant permettre sa mise en œuvre n’a jamais été édicté et toutes les mesures intéressantes qui avaient été annoncées dans les intentions réglementaires sont sur la glace. »

« En édictant enfin le règlement, le gouvernement aurait l’occasion d’y confirmer que le revenu de base atteindra bel et bien la MPC. Il pourrait aussi confirmer des mesures comme l’individualisation des prestations, l’exemption des gains de travail et l’exclusion unique de 500 000 $ pour les biens et avoirs liquides. Finalement, il pourrait en profiter pour disposer d’un des principaux irritants de ce programme, soit le délai de carence de 66 mois imposé aux personnes admissibles.  En campagne électorale, la Coalition avenir Québec s’était montrée ouverte à le réviser. Pour le Collectif, le caractère arbitraire et inhumain de ce « purgatoire » commande son abolition. »

Passer à l’action dès maintenant

Serge Petitclerc conclut : « Même si la lutte contre la pauvreté n’est qu’une lointaine préoccupation du gouvernement, il reste une lueur d’espoir. Il a su poser quelques gestes prometteurs, mais maintenant ceux-ci doivent être suivis d’une action structurée pour combattre la pauvreté et même viser son élimination. Le gouvernement a la responsabilité d’agir en ce sens en vertu de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Pourquoi ne pas profiter du prochain budget pour passer véritablement à l’action? »

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