Aide sociale et révision de la MPC: un redressement nécessaire
La semaine dernière, Statistique Canada et Emploi et Développement social Canada ont publié une révision complète de la Mesure du panier de consommation (MPC). Rappelons que la MPC indique le revenu nécessaire pour qu’une personne seule ou une famille puisse couvrir ses besoins fondamentaux et « atteindre un niveau de vie de base modeste ». Elle est aussi le seuil officiel de pauvreté au Canada depuis l’adoption, le printemps dernier, de la Loi sur la réduction de la pauvreté.
Cette révision a fait augmenter les seuils de la MPC partout au pays. Ces seuils, préliminaires, entreront en vigueur à la fin juin. Ainsi, pour 2018, le seuil passe de 17 820 $ à 20 080 $ pour une personne seule vivant à Montréal, une augmentation de 11 %, qui s’explique en grande partie par la hausse du prix des loyers. La hausse des seuils de la MPC a pour conséquence d’accroître le nombre de personnes vivant en situation de pauvreté. Au Québec, ce nombre passe de 655 000 à 812 000 personnes.
La révision de la MPC aura par ailleurs des répercussions sur les finances publiques québécoises. Dans son dernier Plan d’action en matière de lutte contre la pauvreté, le gouvernement du Québec s’est en effet engagé à ce que le revenu disponible des personnes seules à l’aide sociale atteigne 55 % de la MPC en 2021. À l’heure actuelle, le revenu disponible d’une personne assistée sociale correspond à plus ou moins 54 % de la MPC, alors qu’une fois appliqué le nouveau seuil de la MPC, il diminue à 49 %.
Est-ce que le gouvernement saura honorer son engagement? Un redressement des prestations plus important que celui qui était prévu sera-t-il annoncé dans son budget du 10 mars? Il le faut! Verser aux personnes assistées sociales moins que ce qui est nécessaire pour préserver leur santé est déjà indécent. Ne pas tenir l’engagement à améliorer, bien minimalement, leur situation serait toutefois carrément scandaleux.
Lettre ouverte de Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, publiée dans La Tribune du 5 mars 2020