Le ministre de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille, Claude Béchard, a finalement rendu public le 2 avril 2004, avec 11 mois de retard, le plan d’action gouvernemental requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale . Intitulé Concilier liberté et justice sociale : un défi pour l’avenir , ce plan d’action expose comment le gouvernement entend mettre en oeuvre les obligations qui lui sont faites par la loi. Répond-il aux exigences de la loi et aux attentes du mouvement citoyen qui a voulu une telle loi ? Améliorera-t-il vraiment la situation des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion ? Fera-t-il avancer vers un Québec sans pauvreté ?
Au-delà des premières impressions et réactions, la réponse s’annonce complexe et à géométrie variable. Quelque chose a bougé sur l’échiquier politique. Pour le mieux ? Pour le pire ? L’évaluation de la situation appelle ici plusieurs regards.
Le présent document a été construit pour permettre une telle analyse et servir d’instrument de référence. C’est un document technique qui réunit l’information utile et qui propose plusieurs angles pour évaluer le contenu du plan d’action. Il est à aborder comme une sorte d’«encyclopédie». Les différentes sections sont indépendantes les unes des autres et peuvent être considérées comme six documents distincts, d’où leur présentation en cahiers, à utiliser ensemble ou séparément selon les besoins. C’est aussi ce qui expliquera certaines redites.
– Le cahier 1 rappelle ce qui était attendu et où se trouve l’information sur les mesures annoncées.
– Le cahier 2 décrit et évalue chacune de ces mesures dans l’ordre où elles sont présentées.
– Le cahier 3 reprend la loi article par article et examine comment elle est appliquée.
– Le cahier 4 examine ce que fait le plan d’action par rapport à la vision du pacte social et fiscal à faire évoluer qui est exposée dans la présentation du Collectif intitulée Un Québec sans pauvreté. La théorie, la réalité et un chemin.
– Le cahier 5 propose une évaluation en vue de l’action.
– Le sommaire répond à 20 questions que le Collectif s’était posées en vue de la sortie du plan d’action.
– Un court article pour diffusion est joint en annexe.
Il faudra voir éventuellement comment tirer de ces différentes analyses des outils d’animation plus appropriés à un travail en groupe. En attendant notons que le cahier 5, le sommaire et l’article risquent de s’avérer les plus utiles pour une diffusion grand public.
Ce document vise en somme à équiper pour voir, juger, agir. Il vise à éclairer les choix à faire pour continuer d’avancer. Des pas en avant, en arrière et de côté sont faits à travers le premier plan d’action gouvernemental. Au-delà des opinions sur la qualité de ce plan, qui pourront varier selon l’importance accordée à une dimension ou l’autre, ce qui importe maintenant, ce sont les pas suivants pour corriger les reculs et continuer d’avancer.
Il y a encore de la pauvreté au Québec. La situation de certains ménages pauvres va s’améliorer à partir de 2005, mais le revenu de base des personnes qui sont les plus pauvres va continuer de se détériorer. Le premier du mois ne fait toujours pas le mois . Ce n’est pas une fatalité.
L’objectif d’un Québec sans pauvreté a été posé dans la société québécoise. Des solidarités ont été développées. Une loi fournit des balises. Elle impose une action gouvernementale permanente et une mobilisation citoyenne en conséquence. Elle doit être appliquée pleinement. La raison et la conscience sont interpellées. Il est possible d’agir.
Commençons par voir et évaluer. Et puis pensons-y. La suite nous attend.
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté
Québec, 10 mai 2004