Les réponses du gouvernement sur la pauvreté à la Marche mondiale des femmes

Le Collectif réplique par la 200 000e signature à sa pétition pour une loi cadre

Québec, le vendredi 13 octobre 2000 - C'est avec une immense fierté que le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté a comptabilisé aujourd'hui en présence de militantes et de militants de Québec la 200 000e signature à sa pétition " Éliminer la pauvreté, c'est possible et nous le voulons " qui demande une loi-cadre sur l'élimination de la pauvreté. C'était l'objectif qu'il s'était fixé avant de déposer sa pétition devant les membres de l'Assemblée nationale du Québec auxquels elle est destinée. Celle-ci devient de ce fait l'une des plus importantes pétitions de l'histoire parlementaire québécoise.

"On ne pourrait pas trouver de meilleure manière de répliquer à la réponse inacceptable du gouvernement québécois aux demandes de la Marche mondiale des femmes en matière de lutte contre la pauvreté", a déclaré Vivian Labrie, porte-parole du Collectif, qui a salué la somme d'efforts, de courage et de détermination déployée par le réseau qui s'est développé autour du Collectif pour en arriver à l'imposant niveau de mobilisation représenté par ce taux de signatures. "Il faudra bien un jour, ajoute-t-elle, que le gouvernement se rende compte qu'il ne pourra pas toujours répondre par le mépris à la volonté citoyenne de plus en plus affirmée de développer au Québec une société sans pauvreté et de prendre les moyens qu'il faut pour y arriver efficacement."

Le problème de la pauvreté évité

Le réponse du gouvernement est en effet bien vite résumée. La hausse du salaire minimum ne sortira personne de la pauvreté. L'impact total des mesures annoncées ne dépasse pas 9,5 millions de dollars sur deux ans, ceci pour des ajustements très ciblés à l'aide sociale. Ce n'est même pas l'équivalent d'1$ de plus par année par habitant en mesures pour lutter contre la pauvreté. Ceci alors que des centaines de milliers de personnes sont mobilisées à l'initiative des femmes du Québec dans une Marche de niveau mondial pour réclamer une action efficace contre la pauvreté et la violence. Voilà qui est très loin d'un barème plancher couvrant les besoins essentiels, encore plus d'un objectif de rendre effectifs des droits reconnus, mais empêchés par la pauvreté : on reste en réalité dans l'augmentation consciente des écarts entre les plus riches et les plus pauvres avec le non usage des finances publiques pour les réduire. Et le gouvernement ne peut pas dire qu'il n'a pas d'argent : qu'est-ce que 9,5 millions de dollars pour les plus pauvres face aux 4,5 milliards qui ont été retournés en réductions d'impôts aux 60 % les plus riches de la société?

Pour le Collectif, cette absence de réponse décente à des besoins urgents qui demandent une action immédiate fait qu'il est difficile de croire aux bienfaits de l'éventuelle "Stratégie d'intervention globale de lutte contre la pauvreté" préconisée par le gouvernement. Ceci d'autant plus qu'il entreprend ce travail avant même d'avoir donné au Collectif l'occasion de présenter adéquatement sa proposition de loi cadre, laquelle constitue également une revendication de la Marche des femmes.

Une expertise et une Proposition à prendre en considération

Le Collectif réclame donc une confirmation rapide des rencontres de clarification convenues avec le Premier ministre, Lucien Bouchard. En effet lors d'une rencontre avec le Collectif et la Marche mondiale des femmes, le 29 août dernier, celui-ci s'est engagé à ce que le Collectif présente point par point sa proposition tant sur les aspects de fond que sur les aspects techniques à des interlocuteurs décisifs du gouvernement sur cette question.

Le Collectif estime représenter une expertise citoyenne manquante au gouvernement dont la nécessité est de plus en plus reconnue par les institutions internationales. C'est cette expertise qui lui a permis de construire une proposition de loi-cadre dans laquelle les gens se reconnaissent et qui a su rallier un bon niveau d'adhésion dans des secteurs très variés de la société. Il rappelle au gouvernement que deux cent mille personnes ont reconnu ce processus et vont demander à l'Assemblée nationale, lorsque cette pétition sera déposée, de recevoir et de considérer sa proposition de loi. C'est un mouvement de citoyenneté responsable qu'on ne peut pas ignorer.

"C'est d'un retournement complet dont nous avons besoin, a poursuivi Vivian Labrie, un retournement qui ferait qu'on considèrerait les personnes qui vivent la pauvreté et les personnes, associations, institutions et organisations qui sont solidaires avec elles sur le terrain non pas comme une partie du problème, mais comme une partie de la solution. Les annonces d'hier sont la preuve éclatante de la nécessité d'une loi cadre engageante pour opérer ce type de retournement dans l'action gouvernementale et dans les cadres communs de la vie collective. Je suis persuadée que l'histoire nous donnera raison, parce qu'il n'y a pas d'avenir heureux dans l'inégalité et l'exclusion. "

Le dépôt de la pétition du Collectif

Le Collectif entreprendra maintenant des démarches en vue du dépôt de sa pétition à l'Assemblée nationale du Québec plus tard cet automne, à une date qui reste à déterminer. Il souhaite que la démarche soit non partisane et privilégierait une action commune des partis en la matière.

Lancée en 1998 la pétition a recueilli depuis des appuis provenant de l'ensemble des 17 régions du Québec et de tous les milieux sociaux. La démarche du Collectif a su rallier autant des personnes vivant la pauvreté que des syndiqués, des membres de communautés religieuses, des gens d'affaires et même quelques députés. Elle reçoit également l'appui de près de 1500 organisations de la société civile québécoise qui représentent ensemble une bonne fraction de la population québécoise.

Le Collectif est constitué de 22 organisations communautaires, syndicales, féministes, religieuses, étudiantes et coopératives. Il a développé sa proposition de loi par le biais d'une consultation populaire sans précédent qui a impliqué la participation de milliers de citoyennes et de citoyens dont un grand nombre est directement touché par la pauvreté.

Il se joint aujourd'hui à de nombreux organismes pour appeler la population à se mobiliser et à manifester son refus de demi-mesures et sa détermination à obtenir de véritables changements en participant en grand nombre à l'important rassemblement de la Marche des femmes qui aura lieu samedi le 14 octobre, à Montréal.

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Créé le13 octobre 2000
Dernière modification19 août 2015

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