Québec, le vendredi 17 novembre 2000 - À quelques jours du dépôt d'une pétition de plus de 215 000 noms en faveur de sa démarche, le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté publie une lettre dans laquelle il enjoint les député-e-s québécois-e-s à accueillir de manière non partisane la proposition de loi qu'il met de l'avant suite à une vaste consultation populaire.
" Nous avons réfléchi [aux causes de la pauvreté] et aux solutions possibles. Nous avons mis le meilleur de nos intelligences combinées dans le moyen que nous proposons, plaide Vivian Labrie au nom du Collectif dans une lettre adressée le 10 novembre dernier à l'ensemble de la députation québécoise. En conséquence, nous vous demandons d'engager les Québécoises et les Québécois avec vous à faire en dix ans du Québec une société sans pauvreté par le moyen le plus formel qu'une société peut mettre en œuvre, à travers ses élu-e-s, pour imposer un saut qualitatif nécessaire : une loi. "
En plus de cette lettre, les député-e-s ont reçu un argumentaire signé par le comité de rédaction du Collectif. Ce texte explique pourquoi une loi cadre est pertinente comme moyen global et cohérent de lutte à la pauvreté.
Des sentiments partagés
Le Collectif rappelle aux député-e-s la grande indignation provoquée par les réponses sans consistance venant des deux côtés de l'Assemblée nationale aux revendications de la Marche mondiale des femmes touchant la pauvreté.
" Aussi est-ce avec des sentiments partagés que nous vous demandons aujourd'hui d'aller au-delà de ces demandes. Une partie de nous doute et perd confiance dans l'institution politique. L'autre se dit qu'il faut considérer cette institution comme nous voudrions pouvoir la concevoir dans nos plus hautes aspirations. Et c'est ce que nous allons faire, en conservant par ailleurs notre vigilance. "
Oser un débat non partisan
Conscient d'avancer une idée neuve, le Collectif soutient qu'une loi telle que celle proposée " démarquerait le Québec de ses voisins et supposera donc une bonne dose de courage et d'habileté politique. " Il invite, suivant cette perspective, les député-e-s à faire les débats nécessaires pour se déterminer sereinement à franchir " le pas d'humanité " proposé en utilisant les différents mécanismes parlementaires qui sont à leur disposition pour le faire.
" [P]ar respect pour le travail citoyen déjà accompli et par économie, nous vous demandons, à vous tout comme au gouvernement, d'entreprendre ces débats sur la base du moyen, une loi cadre et loi programme, et du contenu que nous mettons de l'avant avec notre proposition de loi ", ajoute le Collectif. Il rappelle aussi qu'une stratégie parallèle qui éviterait le moyen et le contenu proposé ne serait pas acceptable à ses yeux.
De plus, le Collectif appelle les parlementaires à garder le débat au-dessus des intérêts partisans. " Nous souhaitons que vous le fassiez avec toute la rigueur et l'ouverture d'esprit qu'un tel sujet commande, sans chercher à y tirer d'avantages étrangers à l'objet poursuivi. Comme le disait Victor Hugo dans son discours célèbre sur l'élimination de misère [...], nous ne connaissons ni majorité ni minorité en la matière. Ce que nous voulons, et les moyens sont là, c'est avancer significativement en direction d'une société qui réalise ses valeurs communes : un Québec sans pauvreté. "
Des mesures urgentes
Par ailleurs, le Collectif demande aux parlementaires de ne pas attendre et d'utiliser toutes les prérogatives de leur fonction " pour faciliter la mise en place dès maintenant des mesures immédiates de la proposition, qui ont un caractère d'urgence tout comme les demandes de la Marche des femmes. "
" Donnez-y effet dans votre travail législatif des prochains mois et exigez du gouvernement québécois qu'il fasse de même dans le cadre du prochain budget. Réclamez du gouvernement fédéral qu'il s'engage dans le même sens pour les questions qui relèvent de sa compétence. "
La pétition
Rappelons que le 22 novembre prochain, Diane Barbeau, députée de Vanier ( Parti québécois ), Mario Dumont, député de Rivière-du-Loup ( Action démocratique du Québec ), ainsi que Christos Sirros, député de Laurier-Dorion ( Parti libéral du Québec ), déposeront conjointement la pétition " Éliminer la pauvreté, c'est possible et nous le voulons " qui demande à l'Assemblée nationale de recevoir de façon non partisane le projet de loi du Collectif.
Le dépôt en chambre sera précédé d'un bref événement symbolique à 12 h 00 face à l'Assemblée nationale au cours duquel une chaîne humaine portera les plus de 215 000 signatures de la pétition aux trois député-e-s.
Le Collectif est constitué de 23 organisations communautaires, syndicales, féministes, religieuses, étudiantes et coopératives. Il a développé sa proposition de loi à partir d'une consultation populaire sans précédent qui a impliqué la participation de milliers de citoyennes et de citoyens dont un grand nombre est directement touché par la pauvreté.