Québec, le 8 mars 2001. Le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté prend acte de l'importance accordée à la question de la pauvreté par le nouveau Premier ministre, Bernard Landry, dans son discours qui a suivi aujourd'hui l'annonce de la composition du nouveau conseil des ministres. Mais il n'y croira que quand il verra les gestes.
Dans son discours, Bernard Landry a admis qu'il faut faire attention à l'élargissement constant des écarts entre riches et pauvres, et qu'il faut agir pour assurer l'enrichissement pour tous les membres de la société. Le nouveau Premier ministre a mentionné qu'il ne faut pas se satisfaire de l'égalité des chances, mais qu'il faut travailler à l'avènement réel de cette égalité. Dans cette optique, il a annoncé qu'il fera de la lutte à la pauvreté une priorité de l'action gouvernementale et que tous les membres de son gouvernement devront y travailler.
" C'est exactement ce que nous faisons valoir depuis plusieurs mois, commente Vivian Labrie, porte-parole du Collectif. Toutefois il faut se rappeler que c'est ce même Premier ministre qui, en tant que ministre des Finances, a mis en place au cours des trois derniers budgets des mesures qui ont nettement contribué à augmenter ces écarts qui sont maintenant dénoncés. Le Premier ministre a-t-il évolué dans sa façon de penser? Pour le savoir, il faudra voir les gestes."
Selon le Collectif, ces gestes devront dépasser de beaucoup ce qui a filtré jusqu'à maintenant de la stratégie gouvernementale de lutte contre la pauvreté, notamment dans un article paru le 28 février dans Le Soleil.
"S'il est sérieux dans la priorité qu'il annonce, ajoute Vivian Labrie, le Premier ministre devra reconnaître la vaste expertise terrain que nous avons réunie depuis trois ans et commencer sur la case du gros bon sens : nous rencontrer, travailler avec nous et tenir compte de nos perspectives comme de nos demandes. Bernard Landry est un convaincu de l'économie du savoir. Nous réunissons un savoir qui est manquant dans l'expertise gouvernementale. S'il veut réussir, il doit savoir dès maintenant qu'il ne pourra pas en faire l'économie."
Le Collectif réclame, avec 215 000 signataires d'une pétition déposée à l'Assemblée nationale du Québec le 22 novembre 2000 et avec plus de 1500 organisations, une loi cadre sur l'élimination de la pauvreté sur la base de la proposition qu'il a élaborée avec des milliers de personnes, dont plusieurs en situation de pauvreté. Il réclame cette loi le plus vite possible et des actions substantielles dès maintenant dans le cadre du prochain budget. Au sortir d'une tournée budgétaire qui l'a amené dans pratiquement toutes les régions du Québec depuis la mi-janvier, il voit sa plate-forme budgétaire largement confirmée par les milliers de personnes rencontrées. Il attend toujours une rencontre pré-budgétaire, qui devra venir maintenant de la nouvelle ministre des Finances, Pauline Marois.