Québec, le 15 octobre 2001. Le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté lance une campagne de vigilance citoyenne permanente qui se déroulera à chaque année de 17 octobre en 17 octobre, Journées internationales de l'élimination de la pauvreté.
Il inaugurera la campagne 2001-2002 par un événement qui donnera la parole à des personnes en situation de pauvreté au Salon rouge de l'Assemblée nationale, le mercredi 17 octobre prochain. Devant l'imminence du prochain budget québécois il mettra ensuite ses énergie à faire valoir l'importance d'un budget réduisant les écarts au lieu de les augmenter.
À la fois opération de pression et de sensibilisation, la campagne vise à susciter un véritable débat public sur la question de la lutte à la pauvreté et faire avancer les positions du Collectif auprès des gouvernements.
" Il ne suffit pas qu'un gouvernement parle de pauvreté. Il faut lui imposer de sortir des logiques sans rêve qui font le cauchemar des plus pauvres et l'amener à rêver logique à son tour", peut-on lire dans le document de campagne 2001-2002.
Une année bien remplie
Pour atteindre ses objectifs, le Collectif entend construire sur les appuis déjà importants que recueille l'option qu'il met de l'avant. En 2001-2002, le Collectif propose à la société civile québécoise et à la population en général de signer le Manifeste pour un Québec sans pauvreté et de faire connaître ce geste.
Il invite également les personnes et organisations appuyant ses positions à se joindre aux actions collectives qui seront menées au cours de l'année. Celles-ci s'articuleront autour des axes suivants:
Les prochains budgets publics. Différentes actions et activités seront organisées pour exiger l'application des principes et des mesures urgentes préconisées par le Collectif dans le cadre des prochains budgets du Québec et du Canada.
Une riposte aux orientations gouvernementales. Le Collectif juge que le gouvernement du Québec tente de contourner son travail dans le cadre de sa tournée visant à valider les orientations devant mener à une stratégie nationale de lutte à la pauvreté. Le Collectif agira avec son réseau pour que ses positions soient mises sur la table et débattues publiquement.
Un forum citoyen sur l'élimination de la pauvreté. Un Forum citoyen aura lieu à l'hiver 2002 autour du thème " Se gouverner et se développer autrement ". Les personnes en situation de pauvreté y occuperont une place centrale.
La prochaine élection québécoise. Le Collectif cherchera de façon non partisane à faire de ses positions un enjeu de la prochaine élection générale au Québec.
Par ailleurs, le Collectif appelle à des initiatives qui permettent aux personnes exclues de partager leur expertise et d'exercer une influence dans leur milieu. Dans cette optique, le Collectif développe actuellement le projet " Avec " qui vise justement à créer au Québec le réflexe d'associer les personnes qui vivent la pauvreté et leurs associations aux réflexions, actions et décisions qui les concernent.
Rappelons que depuis 1998, plus de 215 000 personnes et 1600 organisations ont signifié leur adhésion à la démarche entreprise par le Collectif pour que le Québec se dote d'une loi sur l'élimination de la pauvreté.
Un premier geste le 17 octobre
Le geste inaugural de la campagne de vigilance citoyenne 2001-2002 sera posé le mercredi 17 octobre 2001, Journée internationale de l'élimination de la pauvreté. À cette occasion, une centaine de personnes en situation de pauvreté se rendra au Salon rouge de l'Assemblée nationale du Québec sur l'heure du midi où elles seront reçues par le président de l'Assemblée nationale, qui a collaboré à l'organisation de l'événement. Elles auront alors l'occasion de s'adresser aux parlementaires qui auront décidé d'y être et de faire entendre leur vision de l'élimination de la pauvreté. Dans l'esprit qui anime cette Journée à l'échelle internationale, les parlementaires ne sont pas invités à prendre la parole, mais bien à se mettre en situation d'écoute.
Le Collectif se joint ainsi aux activités qui soulignent cette journée sur toute la planète. Au Québec des activités se tiendront dans 11 villes et localités.
" Nous vous offrons une occasion sans pareille de marquer votre rentrée parlementaire sous le signe de l'écoute et du respect [...] ", a écrit le Collectif aux élu-e-s pour les convier à ce moment inédit dans la vie parlementaire québécoise.
Une vigilance importance en cette période d'incertitude
Selon le Collectif, l'incertitude causée par les événements du 11 septembre rend d'autant plus nécessaire une vigilance constante sur les questions d'équité et de justice. Il y a un risque réel de voir les gouvernements céder à la peur et aux pressions dominantes en laissant encore une fois de côté les personnes qui vivent la pauvreté dans leur actions pour " chauffer la marmite " de l'économie, pour paraphraser l'expression de Bernard Landry. Aggraver à nouveau les écarts entre riches et pauvres au lieu de les réduire équivaudrait à précipiter une crise en voulant l'éviter.
Au gouvernement québécois qui se précipite vers un budget hâtif, le Collectif rappelle les mesures urgentes de sa proposition de loi, qui sont partie prenante du Manifeste pour un Québec sans pauvreté. Il souligne également à la ministre des Finances, Pauline Marois, et à ses collègues du gouvernement, qu'une marmite ça se chauffe à partir de la base. Un dollar vital de plus dans la poche d'une personne qui manque de tout est un dollar local qui sera immédiatement dépensé dans l'économie locale. Dans un contexte d'ouverture des marchés, des économies locales fortes sont garantes de la stabilité des économies nationales, particulièrement en période de crise.
Il n'y a pas de bonheur, de justice et de paix possible dans les privilèges et l'exclusion. Un an après la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, il est plus que jamais nécessaire de jeter les bases de sociétés sans pauvreté et sans violence. Au 17 octobre 2002, le Collectif sera là pour faire le bilan du chemin parcouru en 2001-2002.