Québec, samedi le 25 mai 2002 - Près de 400 personnes réunies du 23 au 25 mai 2002 dans un Forum citoyen ont affirmé leur volonté de jeter les bases d'un Québec et d'un monde sans pauvreté, plus solidaire, plus égalitaire, de le faire AVEC les personnes en situation de pauvreté, ce qui signifie se gouverner et se développer autrement.
En conclusion de ce Forum pour un Québec et un monde sans pauvreté, samedi le 25 mai 2002, les participantEs ont littéralement envahi la pelouse de l'Assemblée nationale avec leurs paroles inscrites sur des assiettes à l'intention des pouvoirs politiques et économiques qui maintiennent par leur action ou leur inaction des systèmes qui créent et perpétuent les inégalités.
Ce forum a été organisé par le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté, en collaboration avec cinq autres réseaux : CAP Monde, le Chantier de l'économie sociale, la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main d'œuvre (COCDMO), l'Institut canadien d'éducation des adultes (ICEA) et la Table nationale des Corporations de développement communautaire (TNCDC). Ces réseaux organisateurs regroupent des milliers de personnes qui sont déjà engagées dans des stratégies multiples et complémentaires visant à agir sur les causes diverses de la pauvreté et de l'exclusion.
En s'assurant d'une présence massive de personnes en situation de pauvreté au forum lui-même, les réseaux organisateurs ont démontré leur ferme volonté que ces dernières soient associées aux processus qui les concernent.
Ce forum n'était ni un point de départ, ni un point d'arrivée, mais un moment de convergence pour mettre en commun une vision du changement de cap qui s'impose.
Les participantEs ont clairement identifié les enjeux immédiats auquel le gouvernement est invité à répondre dans les plus brefs délais, ce qui comprend une loi sur la base de la proposition mise de l'avant par le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté. Les mesures urgentes de cette proposition de loi devraient par ailleurs être mises en application dès maintenant :
- un engagement à ne pas appauvrir le cinquième le plus pauvre de la population;
- un amendement à la loi de l'aide sociale instaurant un barème plancher qui assure la couverture des besoins essentiels et en deçà duquel aucune coupure, saisie, ponction ou pénalité ne peut être faite;
- la gratuité des médicaments pour toutes les personnes assistées sociales et pour les personnes âgées recevant le supplément de revenu garanti;
- la transformation du régime d'allocations familiales en régime universel avec une meilleure couverture pour les familles à faible revenu;
- revenir à un niveau de construction de 8000 logements sociaux par année;
- la fin des parcours obligatoires liés aux politiques de réinsertion sociale et professionnelle;
- une réforme de la loi sur les normes du travail;
- une hausse du salaire minimum à un niveau de sortie de la pauvreté pour une personne seule.
Les participantEs ont également fait ressortir :
- l'importance de démocratiser l'économie par la consolidation et l'extension de la propriété collective des instruments de développement des communautés;
- le défi de créer différemment la richesse en tenant compte des dynamiques propres des communautés locales;
- l'urgence de reconnaître les connaissances, les compétences et les potentialités des personnes en situation de pauvreté comme une partie intégrante de la richesse collective au Québec et que le droit pour toutes et tous d'apprendre tout au long de la vie devienne une priorité effective;
- la nécessité de la pleine reconnaissance du droit à la formation et du droit au travail;
- la nécessité de travailler solidairement au niveau international en lien avec les mouvements déjà engagés dans les luttes pour obtenir notamment une transformation des institutions financières internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce), un changement des règles du commerce en faveur du commerce équitable, l'annulation de la dette des pays du Tiers-Monde, la taxation des transactions financières (Taxe Tobin).
Par ailleurs le Forum a insisté pour que l'abolition de la coupure pour partage de logement soit effective dès maintenant.
Les organisations à l'origine du Forum ont voulu sa démarche plurielle et ouverte. Les participantEs avisent les pouvoirs politiques et économiques qu'il existe au Québec une volonté claire et solide d'avancer dans le sens de ces objectifs et que cette volonté attend d'eux des réponses immédiates, concrètes et significatives.
Les groupes organisateurs constatent que la pauvreté et les préjugés qui y sont rattachés sont un obstacle majeur à la pleine réalisation des droits de la personne, au Québec comme dans le monde. C'est un problème qui est causé par des choix politiques et économiques qui génèrent des gagnantEs et des perdantEs, des privilégiéEs et des laisséEs pour compte. D'où la vision proposée et d'où la nécessité de s'organiser à plusieurs pour agir en conséquence de cette vision.