Québec, le mardi 1 er octobre 2002 - Le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté présente aujourd'hui
son mémoire à la Commission des affaires sociales chargée d'étudier le «Projet de loi 112 - Loi visant à contrer la
pauvreté et l'exclusion sociale». Tout en reconnaissant que ce projet de loi ouvre la voie à une avancée majeure où
le Québec pourrait être un chef de file, le Collectif propose dans son mémoire plusieurs améliorations nécessaires
à l'efficacité même de la loi.
La pauvreté viole la personne dans sa dignité. Elle empêche la réalisation des droits fondamentaux. Lorsqu'elle
frappe, elle est implacable. Elle peut toucher tout le monde. Une personne sur quatre est susceptible de la
rencontrer dans sa vie. Elle peut venir à soi ou à quelqu'un de son entourage, un frère, une soeur, un père, une
mère, un fils, une fille, un proche, une voisine.
«Nous avons une occasion unique d'opérer un tournant majeur en nous attaquant aux mécanismes du système qui
fabriquent la pauvreté, déclare Vivian Labrie, porte-parole du Collectif. Il y a dans le projet de loi 112 une impulsion
à souligner. Il faut maintenant lui donner les moyens de son audace. L'enjeu est simple : passer d'un système
gagnant-perdant, qui produit par ses règles la pauvreté et l'exclusion qu'on veut ensuite réparer, à un système
gagnant-gagnant, riche de tout son monde. C'est ce que nous proposons : nous organiser à travers cette loi pour
jeter les bases permanentes d'un Québec sans pauvreté. Il faut saisir cette chance qui passe pour faire les débats
nécessaires et nous donner une loi qui tienne la route et qu'on citera encore dans vingt ans !»
Une loi améliorée avant les prochaines élections
Le projet de loi 112 est la réponse que le gouvernement choisit de faire au mouvement citoyen qui lui a réclamé
une loi sur l'élimination de la pauvreté. Rappelons que de 1998 à 2000, suite à une importante consultation
populaire qui a impliqué des milliers de personnes partout au Québec, dont un grand nombre en situation de
pauvreté, le Collectif a rédigé une proposition de loi en bonne et due forme. Le 22 novembre 2000, les citoyenNEs
ont fait entendre leurs voix pour que cette proposition devienne une vraie loi par le dépôt à l'Assemblée nationale,
par trois députéEs de partis différents, d'une pétition de 215 307 signatures. C'est dans la perspective de cette
mobilisation exceptionnelle que le Collectif demande aux parlementaires de toutes les formations politiques
représentées à l'Assemblée nationale de collaborer à l'adoption historique, avant les prochaines élections, d'une
loi 112 améliorée et dotée de tout le concret, l'élan et l'impact voulu.
«Les règles en place font que de nombreuses personnes en situation de pauvreté n'arrivent pas à couvrir leurs
besoins essentiels. C'est un déficit humain qui affecte toute la société. La loi ne suscitera l'adhésion
qu'accompagnée de mesures concrètes et urgentes, de souligner Mme Labrie. Investir des dollars vitaux au bas
de l'échelle, ça profite à tout le monde, parce que l'argent circule ensuite dans toute la communauté. Un dollar vital,
c'est un dollar local».
Le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté est constitué de 28 organisations communautaires,
syndicales, féministes, religieuses, étudiantes et coopératives et d'un réseau actif dans 16 des 17 régions du
Québec. Il est fort de l'appui de plus de 1600 organisations.