Appels à la charité du gouvernement: une campagne mal à propos pour apaiser l’insécurité alimentaire
Le gouvernement du Québec vient de lancer la campagne « La solidarité, le cœur de nos communautés », qui consiste essentiellement à inviter la population et les entreprises à « s’impliquer pour aider les gens à se nourrir », à « organiser des levées de fonds ou des collectes d’aliments non périssables », à « donner des denrées aux banques alimentaires ou cuisiner des plats pour les déposer dans les frigos communautaires ». Dans le contexte actuel, le Collectif pour un Québec sans pauvreté trouve cette campagne publicitaire particulièrement mal à propos.
« La pauvreté est le dénominateur commun de plusieurs crises qui secouent le Québec depuis plusieurs mois : logement, itinérance, insécurité alimentaire, rappelle la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. L’insuffisance de revenus force des ménages à vivre dans des logements trop chers, à passer à la banque alimentaire et parfois même – de plus en plus – à vivre dans la rue ou dans leur voiture. Pas une journée ne passe sans que les conséquences dramatiques et très concrètes de la pauvreté ne soient relayées dans les médias.
« Le manque de volonté du gouvernement à s’attaquer au problème de l’insécurité alimentaire est aussi affligeant que gênant! Sa « campagne » se déroule alors même que le ministre des Finances peaufine le prochain budget du Québec, déjà annoncé pour en être un de « rigueur »! En invitant la population à acheter des boîtes de conserve ou à cuisiner pour aider les personnes qui ont faim, ce que nous dit le gouvernement, c’est qu’il ne se sent pas concerné par cet enjeu, qu’il s’en lave littéralement les mains! »
Toujours selon Virginie Larivière, « faire appel à la générosité individuelle pour apaiser un des symptômes les plus visibles de la pauvreté est non seulement insuffisant, mais cela représente aussi un moyen pour le gouvernement de se soustraire aux obligations qui lui incombent en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne. Faut-il rappeler que celle-ci stipule que « toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d’assistance financière et à des mesures sociales […] susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent »?
« Oui, il y a urgence de soutenir les gens qui en ont besoin et le travail des banques alimentaires demeure nécessaire. Mais c’est par des mesures structurantes qu’on peut espérer éliminer la pauvreté. Dans son mémoire prébudgétaire, le Collectif suggérait différentes pistes d’action au ministre des Finances. De toute urgence, le gouvernement doit notamment rehausser les protections publiques de façon à assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la Mesure du panier de consommation, soit environ 24 200 $ en 2023. Il s’agit d’un minimum à atteindre rapidement, un premier pas vers la sortie de la pauvreté. »