Campagne électorale 2022: Les locataires, ces pauvres qu’on ne cherche pas à séduire
Alors que le Québec traverse la pire crise du logement de son histoire moderne et que l’inflation attaque le portefeuille des ménages à faible revenu, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) et le Collectif pour un Québec sans pauvreté s’indignent du fait que les partis politiques ne s’adressent pas aux plus de 200 000 ménages locataires qui doivent consacrer plus de 50% de leurs revenus pour se loger. La liste des promesses électorales des différents partis en matière de logement demeure jusqu’à maintenant très mince, bien qu’il s’agisse d’un dossier qui réclame leur attention de toute urgence.
Des partis qui ne parlent pas aux plus pauvres
Ces pauvres, qui faisaient pourtant l’actualité aux environs du 1er juillet, ne se retrouvent pas dans le lot de propositions axées sur l’accès à la propriété et le logement dit « abordable ». Pourtant, ce sont ces personnes qui sont actuellement les plus frappées par l’inflation et qui sont le plus à risque de se retrouver sans toit alors que la crise du logement est loin de s’essouffler dans la province. « Le logement abordable, c’est la mort du logement social et c’est l’assurance d’une crise du logement perpétuelle », dénonce Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ. « En parlant constamment de logement abordable, les partis politiques tombent dans le piège de la CAQ au lieu de profiter de cette opportunité pour attaquer le gouvernement sortant et pour proposer de mettre fin, une fois pour toutes, à la crise qui sévit au Québec », mentionne le porte-parole.
Alors que les engagements pour s’attaquer à la crise du logement sont nettement insuffisants, les propositions des partis pour mieux soutenir financièrement les ménages à faible revenu dans le contexte inflationniste sont faméliques. Au mieux parle-t-on d’aider la classe moyenne. « Bien sûr, presque tout le monde vit les contrecoups de l’inflation. Mais pour les personnes à faible revenu qui peinent d’ores et déjà à boucler la boucle, les conséquences de la hausse des prix sont dramatiques. Or, aucun parti ne semble s’en soucier ! » soulève la porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière. « Faut-il rappeler que les personnes en situation de pauvreté courent davantage le risque de subir de la discrimination lors de la recherche d’un logement ? Ce risque s’ajoute à celui d’avoir à compromettre un ou plusieurs de leurs besoins de base, faute de revenu ! C’est inadmissible dans une société riche comme la nôtre », conclut Virginie Larivière.
Le contrôle des loyers, incontournable pour sortir de la crise
Jusqu’à maintenant, aucun.e chef.fe de parti n’a mis de l’avant des solutions qui s’attaquent directement au coeur du problème : l’absence d’un réel contrôle des loyers et de véritables mesures pour protéger les droits des locataires. « On dirait que tous les partis ont accepté de s’accommoder d’une logique de libre marché, remarque Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ. C’est bien beau parler d’accès à la propriété, d’abordabilité ou même de logement social, reste que le parc immobilier et locatif québécois est presque entièrement privé. Et que tant qu’on n’aura pas au Québec des mécanismes réels pour contrôler les loyers et protéger les droits des locataires, on va continuer de s’enfoncer dans la crise du logement. »
Bien que le contrôle des loyers figure dans la plateforme électorale de certains partis, jusqu’à maintenant, il n’a fait partie d’aucune sortie publique pendant la campagne, les promesses électorales sur le logement étant axées sur l’accès à la propriété ou le financement publics de logements sociaux ou abordables. « Injecter des fonds publics dans un marché incontrôlé ne fera que contribuer à la surenchère pour remplacer les logements plus abordables qui ont été perdus justement en raison de l’absence de contrôle, soutient Cédric Dussault. Pourtant, la mise en place de solutions législatives et réglementaires ne coûterait pas grand-chose à l’État. Il suffit d’avoir la volonté politique de s’attaquer réellement à la crise du logement, une volonté que personne n’a manifestée au sein des principaux partis en lice. »
En collaboration avec le FRAPRU, le RCLALQ convie les locataires à rejoindre la grande manifestation unitaire pour le droit au logement le vendredi 16 septembre à 12h45 devant le Centre communautaire Lucien-Borne à Québec. Pour l’occasion, les manifestant.e.s interpelleront les différents partis politiques afin de proposer des solutions à la crise du logement.