Budget du Québec: Une aide ponctuelle, une pauvreté persistante
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté déplore que le gouvernement du Québec ait encore fait le choix d’ignorer les personnes en situation de pauvreté. Aucune mesure structurante n’a été mise en place spécifiquement pour elles dans le budget 2022-2023. L’aide ponctuelle de 500 $ pourra les aider à ne pas s’appauvrir davantage pour un temps, mais elle n’améliorera pas leur revenu comme tel. Le gouvernement du Québec a-t-il oublié qu’il a la responsabilité de lutter contre la pauvreté et les inégalités socioéconomiques?
« C’est certain qu’un montant de 500 $ peut faire, sur le coup, une différence pour des personnes prises à la gorge, souligne le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc. Ça va servir à payer la carte de crédit déjà bien remplie, l’épicerie, le loyer et les factures qui s’accumulent. Au mieux, ça va ralentir momentanément leur appauvrissement. Mais le montant sera vite dépensé. Et que se passera-t-il ensuite? Avec ce budget, le gouvernement fait juste pelleter les problèmes des personnes en situation de pauvreté par en avant. Dans peu de temps, elles seront revenues au point de départ. Parions que les banques alimentaires n’auront pas un long répit! Des mesures structurantes de lutte contre la pauvreté étaient nécessaires, le budget n’en propose malheureusement aucune. »
« Par ailleurs, nous croyons que le gouvernement aurait dû accorder une attention spéciale aux personnes en situation de pauvreté. Encore plus dans le contexte actuel. Ces personnes sont plus durement touchées par la moindre hausse des prix, car elles vivent déjà dans le rouge à l’année, sans aucune marge de manœuvre. Pourquoi avoir fait le choix de donner moins d’argent aux plus pauvres pour pouvoir en donner aussi à ceux et celles gagnant jusqu’à 105 000 $ ? C’est le contraire que le gouvernement aurait dû faire : favoriser une redistribution de la richesse collective des personnes les plus fortunées vers les moins nanties. »
Quelques mesures écartées par le ministre
Rappelons qu’en vue du présent budget, le Collectif préconisait la mise en place de mesures structurantes pour permettre aux personnes en situation de pauvreté de sortir la tête de l’eau. Virginie Larivière, également porte-parole du Collectif, donne quelques exemples : « Il y a plusieurs mesures concrètes qui auraient permis d’augmenter rapidement et durablement leurs revenus, comme l’augmentation permanente du Crédit d’impôt pour solidarité, l’élargissement du Crédit d’impôt pour le soutien des aînés aux personnes de 65 à 69 ans, l’augmentation des prestations d’assistance sociale et l’indexation trimestrielle de ces dernières. On aurait aussi pu geler les tarifs d’électricité. Toutes ces demandes ont été écartées par le ministre.
« Par ailleurs, le gouvernement avait la chance d’ajuster le montant des prestations d’assistance sociale selon la MPC révisée pour respecter les cibles du dernier plan de lutte contre la pauvreté. Encore là, le ministre a préféré maintenir le statu quo. Mais nous pouvons souligner le pas supplémentaire qui a été fait pour mettre fin au détournement des pensions alimentaires pour enfants, l’exemption passant de 350 $ à 500 $. »
En ce qui concerne le logement, le Collectif dénonce l’inaction du gouvernement. Dans son mémoire prébudgétaire, il réclamait, à l’instar du FRAPRU, que le gouvernement respecte ses engagements et verse les sommes nécessaires dans le programme AccèsLogis, pour livrer le plus rapidement possible la totalité des logements sociaux déjà prévus. Il exigeait aussi que le gouvernement finance sans plus tarder un grand chantier de 50 000 logements sociaux en cinq ans par l’entremise de son programme AccèsLogis.
Par ailleurs, si le Collectif est satisfait du dépôt prochain du Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027, qui accuse deux ans de retard, il déplore que la demande d’un investissement de 460 M$ par le mouvement communautaire n’ait pas été satisfaite et qu’aucun détail n’ait été dévoilé dans le budget. Comme pour plusieurs autres dépenses inscrites dans le budget, le gouvernement se réserve le droit d’annoncer les détails dans les mois à venir, ce que dénonce le Collectif.
En conclusion
Pour le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le budget déposé aujourd’hui vient confirmer une tendance lourde, que la pandémie a mise en évidence à plusieurs reprises : la lutte contre la pauvreté ne fait juste pas partie des préoccupations du gouvernement. Tôt ou tard, il devra pourtant reconnaître qu’il a la responsabilité, en vertu de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, de « rehausser le revenu accordé aux personnes et aux familles en situation de pauvreté, en tenant compte de leur situation particulière et des ressources dont elles disposent pour couvrir leurs besoins essentiels ».