Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté: Pourquoi ne pas viser une réduction de 100 % du taux de pauvreté ?
Au début de la campagne électorale fédérale, le Collectif pour un Québec sans pauvreté a demandé aux partis politiques d’oser parler de lutte contre la pauvreté durant la campagne en faisant connaître publiquement leurs engagements en la matière. Une question toute simple leur a été posée :
« Si vous prenez le pouvoir le 21 octobre, que comptez-vous faire pour réduire de 50 % le taux de pauvreté d’ici 2030 ? »
Cette cible de réduction du taux de pauvreté (par rapport à 2015) est fixée par la Loi sur la réduction de la pauvreté qui vient d’être adoptée par le Parlement canadien.
(Lettre publiée dans Le Soleil du 17 octobre 2019)
Si quatre partis sur six ont accepté de répondre au Collectif, notons quand même que, sans grande surprise, la lutte contre la pauvreté a été un enjeu pratiquement absent de la campagne.
Parmi les réponses reçues, il y a certes quelques propositions de nouvelles mesures ou de bonification de programmes concernant l’accès au logement, la lutte contre l’itinérance, les pensions de vieillesse, le revenu minimum garanti, l’assurance-emploi, l’accès aux médicaments, etc. Et un des partis s’engage à atteindre d’ici cinq ans (plutôt que d’ici 2030) la cible de réduction du taux de pauvreté.
Mais au-delà de ces engagements, aucun parti ne remet en question la cible elle-même, soit de réduire la pauvreté de 50 %. Est-ce à dire que l’élimination de la pauvreté n’est pas un idéal politique digne d’engagement ambitieux ? Pourtant, deux problèmes majeurs minent la crédibilité de la Loi sur la réduction de la pauvreté.
Il y a d’abord le problème du taux lui-même. Pourquoi ne viser la sortie de pauvreté que de la moitié des 3,4 millions de Canadiennes et de Canadiens qui vivaient dans la pauvreté en 2017 ?
Pourquoi pas 100 % ? Cela ferait vraiment du Canada « un chef de file mondial en matière d’élimination de la pauvreté », pour reprendre le préambule de la loi.
Ensuite, il y a le problème de la définition du seuil de pauvreté introduite par la Loi sur la réduction de la pauvreté. Pourquoi prétendre que des personnes couvrant à peine leurs besoins de base (selon la Mesure du panier de consommation) ne vivent plus dans la pauvreté ? Le Collectif est d’avis qu’il faut viser beaucoup plus haut.
En cette Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, nous invitons les candidates et candidats de tous les partis à faire preuve d’ambition et à viser rien de moins que la sortie de la pauvreté pour l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens. Dans une société riche comme la nôtre, on peut éliminer la pauvreté… plutôt que de se satisfaire de couper cet idéal en deux !
Les réponses des partis à la question du Collectif sont en ligne : pauvrete.qc.ca/elections-2019/
Virginie Larivière et Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté