Catégorie : Aide sociale, Revenu minimum garanti
En peu de temps, on a assisté à la création du programme Objectif emploi (projet de loi 70), au dépôt du rapport sur le revenu minimum garanti, à la publication du troisième plan d’action de lutte contre la pauvreté et finalement à la mise en branle d’un revenu de base (projet de loi 173). À peine deux ans après son entrée en fonction comme ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais a réussi à mener à terme quelques projets importants et en amorcer d’autres.
L’addition de deux nouveaux programmes à la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles, qui viennent s’ajouter aux programmes d’aide de dernier recours (Aide sociale et Solidarité sociale), change considérablement l’image de l’assistance sociale. D’un côté, le gouvernement raffermit son autorité en obligeant, par le programme Objectif emploi, tous les nouveaux demandeurs d’aide sociale à entreprendre des démarches d’emploi, de l’autre, il accorde, pour la première fois, un revenu de base à toutes personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi et étant prestataires du programme de solidarité sociale depuis 5 ans et demi.
On a souvent attiré l’attention sur le passé universitaire de l’actuel ministre, lui qui comme professeur de sciences politiques à l’université Laval avait publié un livre où il se prononçait en faveur d’une allocation universelle. Il croyait « fermement que l’allocation universelle se retrouve[rait] au cœur des propositions de réforme de la politique sociale du XXIe siècle ». Associé de près aux principaux partisans de cette nouvelle politique sociale (Philippe Van Parjis, Anthony Atkinson, Yannick Vanderbought), il prédisait ainsi que cette mesure allait être la prochaine grande avancée en matière de justice sociale.
En plus d’ébaucher une allocation universelle dont profiteraient touTes les citoyennes et citoyens, Blais critiquait sévèrement, dans son livre, les politiques de workfare prétextant qu’elles étaient inefficaces et qu’elles brimaient la dignité des personnes assistées sociales. Il rejetait ainsi les mesures qui contraignaient les personnes assistées sociales à participer à des activités de réinsertion à l’emploi sous peine de se voir retirer leur droit à l’aide sociale ou de subir une coupe substantielle sur leur prestation mensuelle.
Plusieurs ont vite remarqué les similitudes entre les politiques de workfare et les mesures mises de l’avant par le programme Objectif emploi. Les opposantEs au nouveau programme n’ont pas manqué de citer des passages du livre de François Blais (Un revenu garanti pour tous. Introduction aux principes de l’allocation universelle) pour discréditer le programme Objectif emploi. Ils cherchaient ainsi à confronter le ministre avec lui-même. À plusieurs reprises, le ministre dut se défendre, lui qui a toujours refusé d’admettre les contradictions qu’on lui reproche.
Qu’en est-il réellement? Le ministre Blais a-t-il tourné le dos à son passé « progressiste » pour embrasser la discipline de parti? Est-ce que sa défense du programme Objectif emploi le pousse à renier ses anciennes positions? Son appui au projet de revenu de base représente-t-il enfin la réalisation de tout ce qu’il espérait dans son livre?
Son mandat arrivant à terme, il est temps de confronter les idées présentées dans l’ouvrage du professeur François Blais et les politiques sociales instituées par le ministre Blais. Sommes-nous devant un nœud de contradictions ou existe-t-il une continuité entre les deux positions?
Créé le | 28 mai 2018 |
Dernière modification | 11 juillet 2018 |
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Héritage du mandat de François Blais_V2.pdf |
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