BUDGET 2018-2019 : Une autre occasion ratée de s’attaquer au scandale de la pauvreté
Avec son dernier budget avant l’échéance électorale, le gouvernement fait pleuvoir les milliards sur les réseaux de la santé et de l’éducation afin de maquiller son bilan. « Cet effort tardif et insuffisant ne fera pas oublier les années d’austérité et de compressions budgétaires qui ont asphyxié les services publics et les programmes sociaux », lance le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc.
« Pire, le gouvernement va jusqu’à consacrer 2 milliards $ par année au remboursement de la dette en pigeant dans le Fonds des générations, ce qui démontre sa réelle priorité, poursuit Serge Petitclerc. Ces choix budgétaires confirment l’incurie du gouvernement pour qui la lutte à la pauvreté ne représente qu’une lointaine préoccupation. Le budget 2018-2019 recycle des annonces déjà connues et ne réserve aucune surprise pour les personnes en situation de pauvreté du Québec. »
Toujours selon Serge Petitclerc, « le contexte de ce budget était propice pour mettre en place des mesures toutes simples qui auraient pu faire une grande différence dans la vie des gens. Plus aucun prétexte ne tient la route et il est urgent de s’attaquer à un scandale qui perdure : 760 000 personnes ne couvrent toujours pas leurs besoins de base alors que le Québec traverse une période de croissance économique sans précédent, avec un taux de chômage très bas et des finances publiques prétendument en ordre. »
Parmi les mesures urgentes qui auraient demandé peu d’investissements et revendiquées par le Collectif pour un Québec sans pauvreté, notons :
1- L’accélération de la mise en œuvre du « revenu de base »
Le Collectif et divers groupes sociaux ont reconnu que l’instauration d’un « revenu de base » pour les personnes avec contraintes sévères à l’emploi représentait un pas dans la bonne direction. Le gouvernement reconnaît enfin que le seuil de la mesure du panier de consommation (MPC) est une cible à atteindre pour permettre aux gens d’au moins couvrir leurs besoins de base (18 029 $ par année pour une personne seule). Mais pourquoi attendre jusqu’à 2023 pour que le « revenu de base » atteigne, pour les personnes admissibles, la cible de la MPC? Et pourquoi imposer un purgatoire de 72 mois aux personnes avec contrainte sévère avant d’y avoir droit?
2- L’augmentation du revenu de toutes les personnes assistées sociales
Le plan de lutte à la pauvreté déposé le 10 décembre dernier prévoit une bonification minime du revenu des personnes assistées sociales sans contraintes à l’emploi. En 2021, leur revenu disponible n’atteindra que 55 % de la MPC (9 929 $ par année). Pourquoi condamner ces personnes à ne couvrir que la moitié de leurs besoins de base?
3- L’abandon des sanctions prévues par le programme Objectif emploi
Dans moins d’une semaine, le 1er avril, le programme Objectif emploi entrera en vigueur. Les personnes faisant une première demande d’aide sociale et jugées sans contraintes à l’emploi seront obligées d’y participer. Celles qui ne répondront pas aux exigences du programme verront leur prestation de base de 633 $ amputée d’un montant pouvant aller jusqu’à 224 $. Pourquoi le gouvernement croit-il que de condamner des personnes à vivre avec une prestation mensuelle de 409 $ les aidera à sortir de la pauvreté?
4- La fin du détournement des pensions alimentaires pour enfants
Encore aujourd’hui, les pensions alimentaires pour enfants sont considérées comme un revenu des personnes qui reçoivent de l’aide sociale ou bénéficient de différents programmes gouvernementaux. Résultat : un détournement des pensions alimentaires pour faire des économies de bout de chandelle sur le dos des plus pauvres. Le gouvernement refuse de mettre fin à cette injustice, malgré une motion unanime de l’Assemblée nationale adoptée en novembre 2012.