15 novembre 2017 Communiqué de la Coalition Objectif Dignité

Mise en œuvre du programme Objectif emploi: Le ministre Blais reste sourd à toutes les mises en garde

Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, fait fi de toutes les mises en garde et va de l’avant avec la mise en œuvre du programme Objectif emploi. En effet, le Règlement modifiant le Règlement sur l’aide aux personnes et aux familles vient d’être édicté, et la Coalition Objectif Dignité est outrée de constater que le ministre n’a tenu compte d’absolument aucun des avis qu’il a reçus pendant la consultation estivale sur le projet de règlement.

« À quelques jours du dévoilement du prochain plan de lutte à la pauvreté, la publication du règlement mettant en œuvre le programme Objectif emploi envoie un drôle de signal, déplore Virginie Larivière du Collectif pour un Québec sans pauvreté. Le programme Objectif emploi, avec son approche obligatoire et punitive, nous apparaît complètement incompatible avec un plan de lutte à la pauvreté que le gouvernement nous promet « ambitieux ». Quels nouveaux reculs nous prépare-t-il sous le couvert de « l’incitation au travail »? »

Rappelons que la Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi ainsi qu’à favoriser l’intégration en emploi (projet de loi 70), adoptée le 10 novembre 2016, impose la participation au nouveau programme Objectif emploi aux personnes admissibles pour une première fois à l’aide sociale, sous peine de voir leur prestation d’aide sociale amputée. En effet, tout manquement aux obligations du programme pourra mener à des coupes pouvant aller jusqu’à 224 $ sur le montant mensuel d’aide sociale.

« Appauvrir des personnes déjà pauvres, comment cela va-t-il les aider à s’en sortir? se demande Yann Tremblay-Marcotte du Front commun des personnes assistées sociales du Québec. La prestation de base à l’aide sociale permet à peine de répondre à la moitié des besoins de base. Puisque les nouvelles pénalités s’ajoutent aux autres sanctions déjà prévues, la prestation de base pourrait être coupée de moitié. C’est inacceptable! C’est d’un rehaussement de l’aide sociale que les prestataires ont besoin pour sortir de la pauvreté, pas de la mise en place de mesures coercitives basées sur des préjugés.»

« Soulignons que le Ministère n’a rendu aucune information disponible quant aux modalités d’application du programme Objectif emploi, qui doit entrer en vigueur en avril 2018, ajoute Tristan Ouimet-Savard du Regroupement des Auberges du coeur du Québec. Pas même dans les Centres locaux d’emploi chargés du lien avec les personnes assistées sociales. Or l’adoption du règlement nous laisse présager le pire tellement il reste muet sur les questions les plus significatives du programme Objectif emploi, ce qui laisse une place énorme à l’arbitraire. Par exemple, il n’y a aucune information sur les mesures qui seront offertes aux personnes, sur la façon dont seront développés les plans d’intégration à l’emploi, sur ce qui constitue un manquement, sur les modalités de suivi, etc. »