Lutte à la pauvreté: Le printemps de toutes les déceptions?
Un enjeu majeur est passé pratiquement inaperçu à la rentrée parlementaire la semaine dernière à Québec: la lutte à la pauvreté. À l’ajournement du mois de décembre, le gouvernement prétendait pourtant que cet enjeu faisait désormais partie de ses priorités. Plusieurs dossiers sont à suivre dans les prochains mois en matière de lutte à la pauvreté et, jusqu’à preuve du contraire, nous trouvons illusoire de croire que ce gouvernement, champion de l’austérité, saura livrer la marchandise.
Si on en juge par l’annonce faite le 19 janvier de la prochaine hausse salaire minimum, le gouvernement a un parti pris pour le patronat et il n’a que faire de l’amélioration des conditions de vie des personnes. L’augmentation de 50 sous du salaire minimum condamne des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs à demeurer dans la pauvreté même en travaillant à temps plein.
Dans le dossier du projet de loi 70 (devenu la Loi 25), nous attendons toujours de voir à quoi ressembleront les modifications au Règlement sur l’aide aux personnes et aux familles. Le gouvernement ira-t-il aussi loin que ce qu’il a annoncé en commission parlementaire? Nous croyons que toute coupe à la prestation de base et toute tentative de retenue du chèque, en plus d’être immorales, seraient complètement incompatibles avec la prétention de lutter contre la pauvreté.
Devant cela, il semble difficile d’espérer un virage intéressant avec le projet de revenu minimum garanti (RMG) sur lequel le ministre François Blais est en train de plancher. Le concept de RMG peut faire rêver, mais il peut facilement virer au cauchemar si on en propose un modèle à la sauce néolibérale. Or, les personnes en situation de pauvreté ont besoin d’améliorer véritablement leurs conditions de vie et non d’un nouveau recul dans ce domaine.
Le prochain budget et le prochain Plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, prévu pour le printemps, nous confirmeront les réelles intentions du gouvernement. Au-delà des réinvestissements promis dans les services publics, de nouvelles sommes doivent être investies dans des mesures structurantes de lutte à la pauvreté, des mesures qui amélioreront le revenu des personnes, dans le simple respect de leur droit à un revenu décent.
Virginie Larivière et Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté