Québec, le 13 mai 2000 – C’est dans un esprit à la fois joyeux et revendicatif, malgré un temps incertain, que plus de 2000 personnes provenant de toutes les régions du Québec se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale ce midi pour réclamer au gouvernement du Québec une loi cadre pour l’élimination de la pauvreté. Ils répondaient à l’appel du Collectif pour une loi sur l’élimination de la pauvreté qui lançait à cette occasion la version finale de sa proposition de loi.
« Cet événement marque la fin d’un long processus de construction et de consultation autour de la proposition de loi, a expliqué Vivian Labrie, porte-parole du Collectif, qui coordonne depuis plus de deux ans ce projet. Il marque également le début de la phase publique de cette proposition. Il s’agit maintenant pour nous de « sortir, parler, convaincre », pour reprendre les mots de René Lévesque, et de faire en sorte que notre projet devienne une véritable législation. »
Le rassemblement a débuté à 12h par la mise en place d’une mosaïque géante de 34 pieds par 44 pieds représentant le logo de l’événement. Progressivement, les autobus en provenance des 17 régions du Québec ont déchargé les participantes et participants qui se sont installés pour pique-niquer devant l’Assemblée nationale.
Vers 13h, la foule a été invitée à procéder à l’adoption populaire symbolique de la Proposition, ce qu’elle a fait avec enthousiasme.
Au-delà du caractère symbolique de cette adoption, les personnes présentes se sont engagées solennellement à agir concrètement là où elles le peuvent dans l’esprit de la proposition mise de l’avant par le Collectif. « C’est comme la mosaïque, chaque morceau peut avoir l’air abstrait, mais mis bout à bout, ça prend tout son sens », a commenté l’équipe responsable de la mosaïque.
Un spectacle, animé par Anne Théberge, une humoriste de la région de Québec, a suivi cette adoption. Les personnes présentes ont entendu la chorale de l’Accueil Bonneau, le théâtre des sans emplois et Carole Légaré qui a interprété la chanson de la Marche mondiale des femme. Pierre Fournier, du groupe Break syndical, a pour sa part chanté « Une feuille dans l’arbre », pièce qu’il a écrite pour le projet de loi.
Au cours du spectacle, Berthe Lacharité du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) est venue au nom du Collectif faire la jonction de la démarche de l’organisme avec l’organisation de la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, représentée, pour l’occasion, par Vivian Barbot, vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec.
Vers 15h, le Collectif s’est adressé à Raymond Brouillet, premier vice-président de l’Assemblée nationale, qui a pris acte du sérieux de la démarche du Collectif.
« Soyons clairs et disons précisément ce que nous ne voulons pas : nous ne voulons pas que le gouvernement recommence à sa manière un travail que nous avons fait et bien fait, nous ne voulons pas que le gouvernement récupère notre travail en l’affaiblissant, a averti Mme Labrie. Ce que nous voulons, c’est que les élus comprennent que les convictions que nous apportons aujourd’hui commencent à ressembler à un véritable mouvement social. Nous voulons discuter avec eux et elles de notre proposition et voir comment traverser toutes les étapes vers une vraie loi. »
- L’arbre représentant la proposition de loi, remis au premier vice-président de l’Assemblée nationale.
Un arbre en pot a été remis au nom du Collectif à M. Brouillet. « Nous vous remettons cet arbre pour exprimer notre vitalité et aussi pour commencer ensemble ce travail qui pourrait nous conduire à jeter les bases d’un Québec où chaque personne pourra se dire dans l’arbre », a expliqué Mme Labrie.
Le rassemblement a pris fin comme prévu à 15h30. « Nous sommes dans l’ensemble extrêmement satisfaits du déroulement de la journée, a évalué Serge Petitclerc, coordonnateur de l’événement. Malgré le temps un peu frisquet, les gens ont conservé leur bonne humeur. Nous considérons avoir pleinement rempli nos objectifs de mobilisation et de sensibilisation. »
Rappelons que le Collectif a entrepris il y a plus de deux ans une démarche visant à faire avancer l’idée qu’on se donne au Québec une loi cadre visant à éliminer la pauvreté. Il a recueilli pendant cette période plus de 170 000 signatures à la pétition Éliminer la pauvreté, c’est possible et nous le voulons et a reçu plus de 1200 appuis associatifs et institutionnels dont ceux de plusieurs villes et municipalités.
Le Collectif est constitué de 20 organisations nationales, communautaires, syndicales, féministes, religieuses, étudiantes et coopératives.
La journée du 13 mai marque la fin d’une consultation populaire sans précédent qui a impliqué la participation de milliers de citoyennes et de citoyens dont un grand nombre est directement touché par la pauvreté.
- Une participante désirant rester anonyme exprime sa joie devant la réussite de l’événement.