1 avril 2021 Communiqué

Lutte contre la pauvreté: Action de visibilité nationale pour faire savoir au gouvernement que la farce a assez duré

Partout au Québec, des dizaines d’organisations ont répondu à l’appel du Collectif pour un Québec sans pauvreté et participé à une action de visibilité collective. Ce matin, des bannières et des affiches ont été installées dans une trentaine de villes et municipalités pour faire entendre ce message au gouvernement du Québec : « Ce n’est pas un poisson d’avril. Au Québec, une personne sur dix ne couvre pas ses besoins de base. »

(À noter que des images de l’action sont diffusées en continu pendant la journée sur la page Facebook du Collectif.)

En point de presse devant le bureau du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, la porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière, a rappelé que « la vraie farce, c’est le budget déposé la semaine dernière par le gouvernement. Il est inconcevable qu’il abandonne à leur sort les quelque 800 000 personnes qui n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base, d’autant plus qu’elles ont été durement frappées par la crise sanitaire… et qu’elles le sont encore. Nous réclamons que la couverture des besoins de base soit considérée comme un minimum pour tout le monde au Québec. »

Présent au point de presse, monsieur Onil Duguay a décrit sa réalité. Voici un extrait de son témoignage :

« Moi, j’ai toujours calculé toutes mes dépenses. Et à tous les jours je devais compter mes cennes pour me nourrir. C’est ça le plus difficile… s’organiser pour manger! Pour savoir comment on va manger la semaine prochaine. Depuis que j’ai ma pension de vieillesse, je peux me nourrir. Je suis pas riche, mais je mange beaucoup mieux maintenant que quand j’étais à l’aide sociale. Mais je suis encore super organisé et je calcule tout.

« Ça m’écœure. Tant de misère, tant de personnes dans la misère noire. Ça devient insupportable ce genre de misère là. Moi, j’avais tellement le mal de vivre, je me levais écœuré pis je me couchais écœuré. Y avait des grands bouttes, pas de boutte. Tout ce que je voyais pour m’en sortir, ça marchait pas. Quand t’es dans la pauvreté, tu penses à ça tout le temps. Comment est-ce que je vais manger? Comment je vais m’organiser pour rabouter toutes les bouttes? »

L’Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain (ADDS-QM) et le Regroupement des Auberges du cœur étaient aussi représentés au point de presse.

Citation de Simon Pouliot de l’ADDS-QM

« Vivre dans un taudis ou se nourrir dans une banque alimentaire, ce n’est pas drôle. Ce qui fait rire jaune par contre, c’est d’entendre des promesses vides qui sont censées apaiser notre situation. « Il n’est pas question qu’il y ait quelqu’un au Québec qui n’ait pas quelque chose à manger », annonçait François Legault le 26 mars 2020. Force est de constater que le premier ministre ne prend pas ses engagements au sérieux parce que ce sont 800 000 personnes qui ne couvrent pas leurs besoins essentiels au Québec.

« À l’ADDS-QM, nous travaillons d’arrache-pied pour défendre collectivement les droits des personnes assistées sociales qui l’ont vraiment pas eu facile dans la dernière année. C’est pourquoi aujourd’hui il est primordial de se tenir les coudes et solidairement dénoncer le traitement réservé à 10 % de la population québécoise. »

Citation de François Soucy du RACQ

« Environ 400 jeunes à l’aube de leur majorité et qui sortent d’un placement connaîtraient au moins un épisode d’itinérance par année et plus de 600 jeunes de l’instabilité résidentielle. La crise actuelle ne peut qu’aggraver cette situation dans un contexte où l’accès au logement est rendu plus difficile et où nos données montrent que les premiers emplois touchés par la crise sont précisément ceux qu’occupent les jeunes. »

En conclusion,

Virginie Larivière a tenu à faire cette mise en garde au gouvernement : « Il ne suffit pas d’ignorer la pauvreté pour la faire disparaître. Les personnes qui voient leurs conditions de vie se détériorer par votre faute en ont assez. Heureusement, partout au Québec, des gens et des organisations sont prêts à se mobiliser aux côtés des personnes en situation de pauvreté pour faire avancer leur cause. Et cette mobilisation augmentera tant que durera votre indifférence. Que tout le monde au Québec puisse couvrir ses besoins de base, il s’agit là d’un gros minimum. »

Résumé de l’action de visibilité

Dans l’ensemble du Québec, une cinquantaine d’organisations ont répondu à l’invitation du Collectif pour un Québec sans pauvreté et installé 65 bannières et des centaines d’affiches dans une trentaine de villes et municipalités des régions du Bas-Saint-Laurent, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Capitale-Nationale, de l’Estrie, de Montréal, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, de Chaudière-Appalaches, des Laurentides, de la Montérégie et du Centre-du-Québec.

 

Témoignage de M. Onil Duguay

Quand j’étais à l’aide sociale, ce qui me dérangeait le plus, c’était de pas pouvoir m’alimenter comme j’aurais voulu. Des fois, j’allais à l’épicerie pis quand je voyais 10$ sur le paquet de viande, je l’achetais pas. J’achetais pas ce que j’aurais voulu acheter pour m’alimenter mieux. Je me privais de bonnes choses. Pis je me suis privé souvent des choses que j’aime. C’est affreux, c’est tellement stressant.

Moi, j’ai toujours calculé toutes mes dépenses. Et à tous les jours je devais compter mes cennes pour me nourrir. C’est ça le plus difficile… s’organiser pour manger! Pour savoir comment on va manger la semaine prochaine.

Depuis que j’ai ma pension de vieillesse, je peux me nourrir. Je suis pas riche, mais je mange beaucoup mieux maintenant que quand j’étais à l’aide sociale.

Mais je suis encore super organisé et je calcule tout. Et j’ai pas le choix, parce que même si j’ai plus de sous avec la pension de vieillesse, j’ai aussi plus de dépenses : parce que je dois payer mes soins dentaires, mes lunettes, mes médicaments, je paie même de l’impôt à la fin de l’année.

Ça m’écoeure. Tant de misère, tant de personnes dans la misère noire. Ça devient insupportable ce  genre de misère là. Moi, j’avais tellement le mal de vivre, je me levais écoeuré pis je me couchais écoeuré. Y avait des grands bouttes, pas de boutte. Tout ce que je voyais pour m’en sortir, ça marchait pas.

Quand t’es dans la pauvreté, tu penses à ça tout le temps. Tout le temps. De comment est-ce que je vais manger? Comment je vais m’organiser pour rabouter toutes les bouttes?

Je trouve ça triste, pis affreux pis incroyable que le gouvernement laisse dans la misère noire 800 000 personnes au Québec. Comment c’est possible ça? Comment le ministre Boulet peut être aussi déconnecté de la réalité? Je m’explique pas ça. Je trouve ça honteux.